La quotidienne

Affaire cassée

Chères toutes et chers tous,

Vous le savez peut-être : mardi 24 mai à 19h, nous nous retrouverons à la Base (Paris 10ème) pour trouver ensemble comment mettre (enfin!) le climat à la Une des médias.

Il y a du nouveau ! Céline Guivarch, économiste du changement climatique et rédactrice du dernier rapport du Giec, sera des nôtres. En plus de nos invité·es de qualité déjà confirmé·es : Paloma Moritz, Anne-Sophie Novel, Loup Espargilière, Sophie Roland, et les collectifs Quota climat et Plus de climat dans les médias !

📍 La soirée sera également retransmise en vidéo. Pour vous inscrire et avoir plus d’informations, cliquez ici.


Les militant·es écologistes réclament de pouvoir sortir des cadres en attendant que les pouvoirs publics fassent meilleure figure.


La condamnation des « Décrocheurs » de portraits de Macron confirmée en cassation

Recadrage. Mercredi, la cour de cassation a confirmé condamnation de douze militant·es écologistes qui avaient décroché - sans violence - le portrait officiel d'Emmanuel Macron de plusieurs mairies en 2019.

Leur geste avait pour ambition de dénoncer l'« inaction climatique » du président de la République. Elles et ils avaient été condamné·es en appel à des peines d'amende de quelques centaines d'euros, parfois avec sursis, pour « vol en réunion » à la suite d'actions menées à Paris, dans la Drôme et dans le Bas-Rhin. Les faits ont été reconnus par les prévenu·es qui ont agi à visage découvert, souvent devant les médias, revendiquant leur action pour alerter l'opinion et interpeller les pouvoirs publics.

Les activistes d'Alternatiba et ANV-COP21 contestaient leur condamnation au nom de la liberté d'expression. Pour la Cour de cassation, toutefois, « la condamnation n'était pas disproportionnée au regard de la valeur symbolique du portrait du président de la République et du refus de le restituer tant que leurs revendications ne seraient pas satisfaites ». Ce refus est « indissociable du message politique des décrocheurs », justifie pour sa part l'avocat de la défense Ronald Maman.

Le 8 décembre 2019, 100 activistes d'ANV-COP21 brandissent devant la Tour Eiffel les portraits d'Emmanuel Macron réquisitionnés dans les mairies ©  Chris Charousset

« Nous allons ainsi poursuivre le débat sur ce mode d’action, non violent, qui mobilise, pour une grande part, la jeunesse et qui est d’autant plus nécessaire que l’urgence climatique s’amplifie et que le président Macron a été réélu et risque donc de continuer à mener une politique qui n’est pas à la hauteur des enjeux », explique Pauline Boyer, porte-parole du mouvement et « décrocheuse » parisienne, dans les colonnes du Monde.

Plus de 150 portraits d'Emmanuel Macron avaient été subtilisés en 2019, donnant lieu à une cinquantaine de procès. Plusieurs tribunaux avaient prononcé des relaxes. En septembre, la Cour de cassation avait même cassé une décision de la Cour d'appel de Bordeaux, qui avait condamné huit autres décrocheurs (Libération). Depuis la campagne « Décrochons Macron », l’État a été condamné à deux reprises pour son inaction climatique (Vert).

· Mercredi, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a alerté sur les nouveaux records atteints en 2021 en matière de concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, d'élévation du niveau de la mer, de température et d'acidification des océans, dans un document intitulé « État du climat mondial » (en anglais).

· Mercredi, l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) a annoncé que les ventes de voitures neuves se sont effondrées de 20,6 % au mois d'avril dans l'Union européenne et de 22,6 % en France. En mettant de côté la période de pandémie en 2020, c'est un record, depuis 1990. Un chiffre qui n'est pas lié à un changement des habitudes, mais à la pénurie de semi-conducteurs. Les prix ayant augmenté, les bénéfices des constructeurs automobiles, eux, se portent toujours bien. - Challenges

« Il faut arrêter cette panique masochiste hystérique de la pseudo “génération climat” qui dit qu’il ne faut plus manger de viande, ou faire ceci, ou faire cela. Ça ne donne aucune solution. C’est comme le discours de Greta [Thunberg], c’est que de l’engueulade, des punitions, y a rien dedans. »

Hubert la tête. Mercredi, à l’occasion du colloque Rio +30 +30, qui retraçait l’évolution des négociations climatiques internationales, le haut fonctionnaire et ancien ministre (socialiste) des Affaires étrangères Hubert Védrine s’est livré à une diatribe sur la « gauchisation » de l’écologie. Il a longuement plaidé pour une écologie « rationnelle », défendant, par exemple, le retour des pesticides néonicotinoïdes (un temps interdits en raison de leur dangerosité pour le vivant) au nom du soutien à la filière agricole. L’ex-haut-fonctionnaire a âprement critiqué l’activisme climatique et fustigé le « non-sens » de l’« écologie punitive ». Le poing, sans la rose.

« Hou »

Langue des singes. Les chimpanzés utilisent environ 400 « séquences vocales » différentes et douze types de cris, qu'ils peuvent combiner entre eux pour communiquer, selon une étude publiée ce lundi (en anglais) dans la revue Nature communications biology. Les scientifiques ont travaillé à partir d'enregistrements de 46 animaux sauvages du parc national de Taï, en Côte d'Ivoire. Elles et ils ont observé que les primates pouvaient combiner près d'une dizaine de cris dans un ordre déterminé. Le « hou » bien connu de nos imaginaires, est souvent en première position. Il peut être un cri d'alarme s'il est très fort ou une façon d'identifier un individu s'il est associé à un halètement, a expliqué à l'AFP Cédric Girard-Buttoz, l'auteur principal. Ces découvertes interrogent l'origine de notre propre langage, caractérisé par la possibilité de créer de nouvelles phrases à l'infini. Les chercheurs veulent maintenant comprendre le sens de ces sons, en étudiant la réaction des singes lorsqu'ils les entendent.

À Bordeaux, la végétalisation à l’assaut du béton et de la chaleur

Frappées par des épisodes de chaleurs de plus en plus intenses et précoces, les villes doivent s’adapter pour offrir à leurs habitant·es des espaces de fraîcheur. À Bordeaux, où le mercure a atteint 31 °C ce mercredi, la municipalité écologiste mise sur la végétalisation - au prix d’un important travail de pédagogie et de concertation. Reportage.

Didier Jeanjean, adjoint au maire en charge de la nature en ville et des quartiers apaisés, étale ses plans sur le capot d’une voiture. Nous sommes sur une petite placette triangulaire au croisement de la rue Laroche et de celle du Lavoir – deux axes de circulation qui n’ont jamais aussi bien porté leur nom, alors que la mairie envisage ici de supprimer les places de stationnement pour planter des arbres et perméabiliser le sol en libérant de la pleine terre.

Une opération de plantation menée en novembre 2021 ©  Philippe Lopez  / AFP

« Sur cette place très minérale, l’eau de pluie s’écoule dans les caniveaux et le parking central participe à la hausse des températures en cas de grosses chaleurs », explique l’élu en précisant que ce site a été identifié, avec une quarantaine d’autres, comme prioritaires. Il s’agit d’« îlots de chaleur urbains » : en journée, la pierre, la brique ou le béton y emmagasinent facilement la chaleur. Plus les surfaces sont denses et les murs élevés, plus cette accumulation est forte. La nuit, l’énergie emmagasinée se diffuse dans l’atmosphère, ce qui empêche l’air de se refroidir. Et tous les quartiers ne sont pas égaux face à la chaleur.

Pour remédier à cela, la mairie a lancé, l’an dernier, l’opération « Bordeaux grandeur nature », un vaste chantier de végétalisation conçu sur six ans – soit six saisons de plantation. En 2020-2021, la première phase a été marquée par la plantation de 1 600 arbres (dont 130 fruitiers et 350 arbustes à petits fruits). En 2021-2022, pas moins de 1 626 arbres ont été plantés.

La suite de ce reportage à lire sur vert.eco

La pollution des épaves, ou les larmes noires de l’océan

Jeter un pavé dans la mare. 6 300 navires coulés pendant la Seconde Guerre mondiale et toujours remplis de carburant jonchent les fonds océaniques. Dans un documentaire-enquête de 53 minutes, diffusé pour la première fois en 2017, le journaliste Christian Heynen décrypte de manière haletante ce qui pourrait leur arriver, à savoir devenir une source de pollution majeure, dépassant de loin les pires marées noires que nous avons connues.

© Arte

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel et Justine Prados ont contribué à ce numéro.