Chronique

« Le sourire du pangolin » : tout comprendre à la biodiversité en un limpide essai

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Dites « ouis­ti­ti » ! Dans son essai Le sourire du pan­golin ou com­ment mesur­er la puis­sance de la bio­di­ver­sité, l’écologue Philippe Grand­co­las décrit l’ampleur de nos idées reçues sur le vivant et sur l’effondrement en cours, ain­si que les solu­tions pour y remédi­er.

Saviez-vous qu’il exis­tait 40 000 espèces d’insectes rien qu’en France ? Que 30 000 à 40 000 mil­liards de bac­téries peu­plaient notre corps, soit autant que nos pro­pres cel­lules ? C’est par l’immensité de ce que nous ignorons du vivant — nous n’aurions iden­ti­fié que 20 % des espèces du globe — que Philippe Grand­co­las, directeur de recherche au CNRS, entame cet ouvrage essen­tiel et acces­si­ble.

© CNRS édi­tions

Au fil des pages, l’auteur inter­roge nos représen­ta­tions erronées sur la bio­di­ver­sité, représen­ta­tions qui aggravent son effon­drement. Par exem­ple, nous ressen­tons davan­tage d’empathie pour les ani­maux qui nous ressem­blent — les mam­mifères — que pour les autres espèces pour­tant tout aus­si essen­tielles ; nous avons ten­dance à con­cep­tu­alis­er des indi­vidus séparés (« un arbre », « un champignon ») et non des chaînes de rela­tions dans des écosys­tèmes com­plex­es ; nous souf­frons d’« amnésie envi­ron­nemen­tale », oubliant les états passés de notre envi­ron­nement et leur dégra­da­tion ; nous plaçons l’espèce humaine au som­met de l’évolution.

Alors, le pan­golin peut-il sourire ? « Bien sûr, cer­tains ani­maux peu­vent sourire ou plutôt… c’est parce que nous sommes nous-mêmes des ani­maux que nous pou­vons le faire », écrit le chercheur. Preuve de nos con­cep­tions erronées et de notre logique inver­sée. Or, Philippe Grand­co­las mon­tre que c’est pré­cisé­ment ce manque de com­préhen­sion du vivant qui a causé sa perte, et qui pour­rait égale­ment être l’une des solu­tions-clés à sa régénéra­tion.

Le sourire du pan­golin, Philippe Granco­las, CNRS édi­tions, octo­bre 2021, 222p, 19€