Le pédago

Au fait, qu’est-ce que c’est, la biodiversité ?

Alors que s’ouvre la 15ème Conférence des Nations unies (COP15) sur la diversité biologique à Montréal (Canada), décryptage d’un concept difficile à saisir, mais essentiel pour comprendre la crise du vivant : la biodiversité.
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Y a du bouleau. On peut l’appeler la « bio­di­ver­sité », la « diver­sité biologique », ou encore la « diver­sité du vivant ». Le terme « bio­di­ver­sité » est inven­té en 1980 par le biol­o­giste améri­cain Thomas Love­joy. C’est le som­met de la Terre de Rio, en 1992, qui con­sacre ce terme, alors que naît la Con­ven­tion sur la diver­sité biologique (CDB) qui organ­ise les COP sur la bio­di­ver­sité.

La CBD définit la bio­di­ver­sité comme la « vari­abil­ité des organ­ismes vivants de toute orig­ine, y com­pris, entre autres, les écosys­tèmes ter­restres, marins et autres écosys­tèmes aqua­tiques et les com­plex­es écologiques dont ils font par­tie ; cela com­prend la diver­sité au sein des espèces et entre espèces ain­si que celle des écosys­tèmes ». La diver­sité biologique regroupe toutes les formes de vie qui exis­tent, ain­si que leurs inter­ac­tions entre elles.

À ce jour, quelque deux mil­lions d’espèces dif­férentes ont été réper­toriées. Mais les sci­en­tifiques esti­ment d’une vaste majorité d’entre elles n’ont tou­jours pas été décou­vertes. En 2011, une étude pub­liée dans la revue Plos biol­o­gy avançait le nom­bre de 8,7 mil­lions d’espèces. Une esti­ma­tion reprise par l’IPBES (la Plate­forme inter­gou­verne­men­tale sur la bio­di­ver­sité et les ser­vices écosys­témiques), une organ­i­sa­tion sci­en­tifique qual­i­fiée de « Giec de la bio­di­ver­sité ».

Le vivant regroupe toutes formes de végé­taux, de bac­téries, de champignons, de micro-organ­ismes et d’an­i­maux. Ces derniers n’en représen­tent qu’une toute petite part (2 giga­tonnes de car­bonne), dont seule­ment 0,06 Gt C pour les humains.

La diver­sité biologique se décline selon trois niveaux d’observation, détaille auprès de Vert Philippe Grand­co­las, éco­logue et directeur adjoint de l’Institut écolo­gie et envi­ron­nement du CNRS. Il y a tout d’abord la diver­sité géné­tique au sein d’une même espèce — entre deux abeilles, par exem­ple. Puis, la diver­sité entre espèces, comme les érables, les chênes ou bien les pins. Et enfin, la diver­sité des écosys­tèmes — soit un ensem­ble d’êtres vivants qui évolu­ent dans un même milieu -, qu’il s’agisse des forêts, des prairies, des savanes ou des récifs coral­liens. Sans oubli­er la diver­sité des rela­tions qu’ils entre­ti­en­nent les uns avec les autres.

Un con­cept qui n’est pas tou­jours facile à saisir, recon­naît l’écologue. « Les gens maîtrisent bien les images autour de la bio­di­ver­sité : ils com­pren­nent que les abeilles ont besoin des plantes pour butin­er et vice ver­sa, que les pois­sons vivent dans la riv­ière, etc, mais ont du mal avec le terme. On con­naît le con­tenu de la mar­mite, mais on n’arrive pas à lui don­ner un nom con­cret », s’amuse Philippe Grand­co­las.

L’usage du terme « bio­di­ver­sité » est préféré par les sci­en­tifiques à la plus con­nue « nature », sou­vent jugée impré­cise. Celle-ci véhicule l’idée — très occi­den­tale — d’une entité extérieure aux humains, loin­taine et que l’on doit seule­ment préserv­er. « Les mots ont un sens et ils guident notre action quand on les utilise, estime Philippe Grand­co­las. Par le passé, on a com­plète­ment seg­men­té notre monde entre la nature et l’humain. En réal­ité, nous sommes tous vivants et tous ces élé­ments inter­agis­sent en per­ma­nence. » Préserv­er les espèces vivantes et les milieux naturels, c’est tout sim­ple­ment main­tenir la survie des humains.