Y a du bouleau. On peut l’appeler la « biodiversité », la « diversité biologique », ou encore la « diversité du vivant ». Le terme « biodiversité » est inventé en 1980 par le biologiste américain Thomas Lovejoy. C’est le sommet de la Terre de Rio, en 1992, qui consacre ce terme, alors que naît la Convention sur la diversité biologique (CDB) qui organise les COP sur la biodiversité.
La CBD définit la biodiversité comme la « variabilité des organismes vivants de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes ». La diversité biologique regroupe toutes les formes de vie qui existent, ainsi que leurs interactions entre elles.
À ce jour, quelque deux millions d’espèces différentes ont été répertoriées. Mais les scientifiques estiment d’une vaste majorité d’entre elles n’ont toujours pas été découvertes. En 2011, une étude publiée dans la revue Plos biology avançait le nombre de 8,7 millions d’espèces. Une estimation reprise par l’IPBES (la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), une organisation scientifique qualifiée de « Giec de la biodiversité ».

La diversité biologique se décline selon trois niveaux d’observation, détaille auprès de Vert Philippe Grandcolas, écologue et directeur adjoint de l’Institut écologie et environnement du CNRS. Il y a tout d’abord la diversité génétique au sein d’une même espèce – entre deux abeilles, par exemple. Puis, la diversité entre espèces, comme les érables, les chênes ou bien les pins. Et enfin, la diversité des écosystèmes – soit un ensemble d’êtres vivants qui évoluent dans un même milieu -, qu’il s’agisse des forêts, des prairies, des savanes ou des récifs coralliens. Sans oublier la diversité des relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres.
Un concept qui n’est pas toujours facile à saisir, reconnaît l’écologue. « Les gens maîtrisent bien les images autour de la biodiversité : ils comprennent que les abeilles ont besoin des plantes pour butiner et vice versa, que les poissons vivent dans la rivière, etc, mais ont du mal avec le terme. On connaît le contenu de la marmite, mais on n’arrive pas à lui donner un nom concret », s’amuse Philippe Grandcolas.
L’usage du terme « biodiversité » est préféré par les scientifiques à la plus connue « nature », souvent jugée imprécise. Celle-ci véhicule l’idée – très occidentale – d’une entité extérieure aux humains, lointaine et que l’on doit seulement préserver. « Les mots ont un sens et ils guident notre action quand on les utilise, estime Philippe Grandcolas. Par le passé, on a complètement segmenté notre monde entre la nature et l’humain. En réalité, nous sommes tous vivants et tous ces éléments interagissent en permanence. » Préserver les espèces vivantes et les milieux naturels, c’est tout simplement maintenir la survie des humains.
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