Pas un long fleuve tranquille. Voies de navigation fermées, moins de bateaux et moins de chargement : en raison du faible niveau du Rhin, le transport fluvial y connaît de grandes difficultés et devient un casse-tête logistique depuis plusieurs semaines.
Cet été, la sécheresse n’affecte pas seulement les sols et les rendements agricoles, mais aussi le transport fluvial. C’est particulièrement le cas du Rhin, principale voie fluviale européenne sur laquelle sont transportées quelque 300 millions de tonnes de marchandise chaque année. Vendredi, son niveau est tombé sous la barre des 40 centimètres à Kaub (Allemagne), la référence utilisée pour jauger la navigabilité du fleuve. Un seuil inquiétant pour de nombreux acteurs de l’industrie en Allemagne : 4 % du fret y est transporté par voie maritime, dont une grande partie via le Rhin.
Avec le faible niveau de l’eau, les embarcations ne peuvent être chargées qu’au tiers de leur capacité habituelle pour éviter de racler les fonds. Une mesure qui entraîne le ralentissement global du transport fluvial et l’explosion des prix du fret.

En conséquence, certaines marchandises sont reportées sur les routes et les rails, mais rien qui ne puisse compenser la navigation sur le Rhin. « Il faut savoir qu’un bateau transporte en moyenne 2 000 tonnes alors qu’un camion ne transporte que 30 tonnes », a rapporté à France info Vincent Le Ber, responsable céréales pour la coopérative agricole Lorca. Le chargement d’un bateau représente ainsi 60 camions sur les routes.
Depuis plusieurs mois, l’importance stratégique du fleuve a été multipliée avec la guerre en Ukraine. Pour se détourner du gaz russe, l’Allemagne a décidé de se concentrer sur le charbon. Ce dernier est largement transporté par la voie rhénane, une solution aujourd’hui en suspens. À tel point que, si la situation venait à s’aggraver, le pays pourrait donner la priorité au transport de matériel nécessaire à la production d’énergie, et en particulier de charbon et de pétrole, souligne un brouillon de décret révélé par Reuters.
Cruelle ironie, puisque le charbon est l’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre et qu’il participe à l’accélération du dérèglement climatique, lui-même responsable de la multiplication des sécheresses.