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Sur le Rhin, le casse-tête du transport fluvial en temps de sécheresse

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Pas un long fleuve tran­quille. Voies de nav­i­ga­tion fer­mées, moins de bateaux et moins de charge­ment : en rai­son du faible niveau du Rhin, le trans­port flu­vial y con­naît de grandes dif­fi­cultés et devient un casse-tête logis­tique depuis plusieurs semaines.

Cet été, la sécher­esse n’affecte pas seule­ment les sols et les ren­de­ments agri­coles, mais aus­si le trans­port flu­vial. C’est par­ti­c­ulière­ment le cas du Rhin, prin­ci­pale voie flu­viale européenne sur laque­lle sont trans­portées quelque 300 mil­lions de tonnes de marchan­dise chaque année. Ven­dre­di, son niveau est tombé sous la barre des 40 cen­timètres à Kaub (Alle­magne), la référence util­isée pour jauger la nav­i­ga­bil­ité du fleuve. Un seuil inquié­tant pour de nom­breux acteurs de l’industrie en Alle­magne : 4 % du fret y est trans­porté par voie mar­itime, dont une grande par­tie via le Rhin.

Avec le faible niveau de l’eau, les embar­ca­tions ne peu­vent être chargées qu’au tiers de leur capac­ité habituelle pour éviter de racler les fonds. Une mesure qui entraîne le ralen­tisse­ment glob­al du trans­port flu­vial et l’explosion des prix du fret.

Le faible niveau du Rhin, comme ici à Kaub en Alle­magne le 12 août 2022, entrave le pas­sage des car­gos de marchan­dise. © Thomas Frey / AFP

En con­séquence, cer­taines marchan­dis­es sont reportées sur les routes et les rails, mais rien qui ne puisse com­penser la nav­i­ga­tion sur le Rhin. « Il faut savoir qu’un bateau trans­porte en moyenne 2 000 tonnes alors qu’un camion ne trans­porte que 30 tonnes », a rap­porté à France info Vin­cent Le Ber, respon­s­able céréales pour la coopéra­tive agri­cole Lor­ca. Le charge­ment d’un bateau représente ain­si 60 camions sur les routes.

Depuis plusieurs mois, l’importance stratégique du fleuve a été mul­ti­pliée avec la guerre en Ukraine. Pour se détourn­er du gaz russe, l’Allemagne a décidé de se con­cen­tr­er sur le char­bon. Ce dernier est large­ment trans­porté par la voie rhé­nane, une solu­tion aujourd’hui en sus­pens. À tel point que, si la sit­u­a­tion venait à s’aggraver, le pays pour­rait don­ner la pri­or­ité au trans­port de matériel néces­saire à la pro­duc­tion d’énergie, et en par­ti­c­uli­er de char­bon et de pét­role, souligne un brouil­lon de décret révélé par Reuters.

Cru­elle ironie, puisque le char­bon est l’énergie la plus émet­trice de gaz à effet de serre et qu’il par­ticipe à l’accélération du dérè­gle­ment cli­ma­tique, lui-même respon­s­able de la mul­ti­pli­ca­tion des sécher­ess­es.