Reportage

Sous l’océan et à travers le temps, plongez au cœur de la nature dans ces deux expositions immersives

  • Par

Flex­ion immer­sion. À Paris, l’Atelier des lumières et le Muséum nation­al d’Histoire naturelle de Paris (MNHN) pro­posent deux nou­velles expo­si­tions immer­sives qui met­tent en valeur la richesse et la fragilité des espèces qui foulent ou qui ont foulé notre planète. Reportage.

Sous l’océan

Allongé, assis, debout, accroupi, ou en appui ten­du ren­ver­sé (ATR), admirez à votre guise la beauté du monde sous-marin présen­tée dans l’exposition «Océans, l’Odyssée immer­sive» à l’Atelier des lumières de Paris. Jusqu’au 7 jan­vi­er 2024, vous aurez l’occasion de zigza­guer entre les pylônes géants qui sup­por­t­ent l’immense hangar dont les murs, plongés dans l’obscurité, dévoilent les pho­tos et vidéos du monde ani­mal sous-marin de Bri­an Sker­ry, pho­tographe améri­cain spé­cial­iste de la vie marine.

Dans une ambiance musi­cale par­ti­c­ulière­ment orig­i­nale qui va des Beach Boys à Tchaïkovsky, les pho­tos pro­jetées sur tous les murs, du sol au pla­fond, s’enchaînent en fon­dus, avec des effets sonores et visuels qui sem­blent faire ressor­tir l’animal de sa pho­to. Pen­dant une trentaine de min­utes, les murs blancs de l’Atelier dévoilent ain­si des espèces de toutes les tailles et de toutes les couleurs. De la frayeur des ténèbres abyssales à la fraîcheur des eaux froides arc­tiques, en pas­sant par le calme du bal­let des bancs de médus­es, chaque envi­ron­nement a sa pro­pre ambiance.

De gauche à droite : Vis­i­teurs devant des pho­tos de lamentin (© Culturespaces/C. de la Motte Rouge) / Gob­ie jaune dans une canette, Lubrico­go­b­ius exi­gus / Grands requins blancs, îles Nep­tune du Sud, Aus­tralie © Bri­an Sker­ry

Une par­tie de l’exposition est con­sacrée à l’impact du change­ment cli­ma­tique sur les envi­ron­nements marins. Con­tac­té par Vert, Bri­an Sker­ry, qui expose 30 ans de son tra­vail dans cette expéri­ence, dit vouloir «aider les vis­i­teurs à tomber amoureux de l’océan et, par con­séquent, à le pro­téger». Pour lui, «com­bin­er de superbes pho­togra­phies et/ou films avec des fonde­ments sci­en­tifiques, con­tribue à édu­quer et informer les gens d’une manière unique, retrou­vable nulle part ailleurs». Le pho­tographe a lui-même con­staté la vitesse à laque­lle l’océan a été impacté par les humains : «Je n’arrive pas à croire à quel point les choses ont rad­i­cale­ment changé depuis 40 ans. Presque tous les écosys­tèmes que je vis­ite aujour­d’hui ont été dégradés par rap­port à ce qu’ils étaient aupar­a­vant». Du blan­chisse­ment des récifs coral­liens, aux espèces envahissantes, sans oubli­er la sur­pêche et la pol­lu­tion plas­tique, l’Américain a attesté des impacts destruc­teurs du change­ment cli­ma­tique partout dans l’océan. Par sa manière, il mon­tre ain­si à la fois «la beauté et la fragilité des espèces, mais aus­si celle du monde dans lequel elles vivent».

Voyage à travers le temps

Depuis le 14 octo­bre, le Muséum nation­al d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris trans­porte ses vis­i­teurs dans un voy­age tem­porel cap­ti­vant où ils peu­vent être témoins de l’évolution de la vie sur Terre depuis 3,5 mil­liards d’années dans la nou­velle expo­si­tion «Les mon­des dis­parus».

L’installation, sise au milieu de la galerie de géolo­gie et de minéralo­gie du musée, ne ressem­ble pas aux expo­si­tions habituelles. Il s’agit d’un long couloir noir et blanc de 500 mètres car­rés, sans fos­sile ni osse­ment. Pour la décou­vrir, il faut d’abord enfil­er un masque de réal­ité virtuelle qui, pen­dant 45 min­utes, vous coupe du monde réel pour vous télé­porter en 2223.

L’immersion est à partager avec ses proches, qui pren­nent la forme d’avatar blanc en direct pen­dant la vis­ite. © Excurio/MNHN

Guidé·es par une jeune biol­o­giste et son robot mal­adroit, nous voy­a­geons à tra­vers le temps et l’espace, sous les mers et sur les ter­res, au rythme des décou­vertes et des sur­pris­es, affranchi·es de l’aspect «tech­nique» de la vis­ite. On décou­vre ain­si, de (très) près ou de loin, les forêts gigan­tesques du Car­bonifère d’il y a 314 mil­lions d’années et on touche du doigt les dinosaures majestueux du Cré­tacé (67 mil­lions d’années). En tout, ce sont plus 120 espèces ani­males que nous pou­vons observ­er tout au long du voy­age.

Le musée et Excu­rio, l’entreprise en charge de la réal­ité virtuelle, ont placé la sci­ence au cœur de la con­struc­tion de ce périple. Les recherch­es les plus récentes ont ain­si con­sti­tué le socle de cette expéri­ence. Toutes les couleurs, formes et sons qui ont été inter­prétés à par­tir des restes con­nus, ont sys­té­ma­tique­ment été pen­sés avec des chercheurs asso­ciés, soit 30 sci­en­tifiques spécialisé·es.

À tra­vers le dernier paysage — une superbe savane africaine avec zèbres, éléphants et girafes sauvages — le mes­sage est clair : faire pren­dre con­science que la vie est très com­plexe, sans but ni final­ité et que l’Humain n’est qu’un infime rameau au sein de cette diver­sité du vivant qui s’est tou­jours adap­tée, a eu de mul­ti­ples formes et en aura bien d’autres. Pour Bruno David, prési­dent du MNHN, «nul doute que les vis­i­teurs n’en ressor­tiront que plus empreints des mes­sages de sen­si­bil­i­sa­tion et d’engagement pour la nature que le Muséum souhaite trans­met­tre.»

Océans, l’Odyssée immer­sive, à vis­iter jusqu’au 7 jan­vi­er 2024 à l’Atelier des lumières, Paris 11 et Mon­des dis­parus, jusqu’au 16 juin 2024 au Muséum Nation­al d’Histoire Naturelle, Paris 5.

Pho­to d’il­lus­tra­tion : L’ex­po­si­tion «Océans, l’Odyssée immer­sive» à l’Ate­lier des Lumières, à Paris. © Cul­ture­spaces / C. de la Motte Rouge