Avec leurs couleurs criardes jaunes et rouges et leur typographie hasardeuse, les offres promotionnelles des grandes surfaces n’ont rien de très glamour… Et pourtant : trois Français·es sur cinq affirment qu’elles les influencent dans leurs décisions d’achat.
Mercredi, plusieurs associations – Foodwatch France, le Réseau action climat, France assos santé, la Fédération française des diabétiques, la Confédération syndicale des familles, l’Union nationale des associations familiales et le Collectif national des associations d’obèses – ont dévoilé les résultats d’une étude basée sur l’analyse de 5 000 offres promotionnelles des cinq plus gros distributeurs entre février et mars 2025. Résultat : les consommateur·ices sont incité·es à acheter en majorité des produits trop gras, trop sucrés, trop salés et ultra-transformés.

«Le doute n’est plus permis : dans les supermarchés, les promotions censées vous permettre de faire des économies poussent surtout à acheter des aliments mauvais pour la santé», s’inquiètent les associations. Carrefour, Coopérative U, E. Leclerc, Intermarché et Lidl disent être «les alliés du pouvoir d’achat, du bien manger, et de la santé. Mais quand on enquête, on découvre tout le contraire», déplore auprès de Vert Audrey Morice, porte-parole de l’ONG Foodwatch.
Seulement 12% des promotions portent sur des aliments sains comme les fruits, les légumes ou les légumineuses – des produits que les Français·es ne consomment pas suffisamment –, indique encore cette enquête qui se base sur les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). Les deux tiers des autres promotions (66%) concernent des produits dont il faudrait limiter la consommation : les boissons sucrées, la charcuterie ou les biscuits et gâteaux industriels.
Les associations regrettent aussi que de «trop nombreuses promotions incitent à surconsommer en achetant en grande quantité», puisque 40% des promotions proposent d’acheter en lot et portent la mention «2+1 offert».
Cancers, diabète, obésité…
Contacté, le groupement des Mousquetaires (Intermarché) fait valoir que les promotions qu’il a mises en place portent sur «l’ensemble des produits plébiscités par (ses) clients» et ajoute que ces derniers «bénéficient tous les week-ends de 10% de réduction sur l’ensemble du rayon fruits et légumes». De son côté, Carrefour «conteste point par point cette étude pour ce qui le concerne», et assure avoir «fait de la transition alimentaire pour tous sa raison d’être». Système U et Lidl, également contactés, n’ont pas souhaité commenter. E.Leclerc n’a pas réagi.
Début mai, une autre étude, menée par le Réseau action climat, interpellait déjà les acteurs de la grande distribution sur leur «retard» dans la transition alimentaire, et mettait en avant que «la grande distribution, de par son pouvoir sur l’amont des filières comme sur les consommateurs, a un rôle important à jouer» pour «l’accès à une alimentation saine et durable».
Dans une pétition, les sept associations derrière cette nouvelle enquête appellent les enseignes de la grande distribution à garantir, à l’avenir, «au moins 50% de promotions sur des produits de qualité, à des prix accessibles». «Tout ce qu’on demande, c’est que la tendance s’inverse et que la majorité des promotions soit faites sur des produits bons et durables. Sans toutefois empêcher les gens à se faire plaisir !», a déclaré Audrey Morice. Selon un sondage du Réseau action climat de mars 2025, 88% des Français·es se disent favorables à ce que les distributeurs proposent en majorité des promotions sur des aliments bons pour la santé.
Toujours selon l’étude : «L’alimentation est l’un des premiers facteurs de risque évitable de mauvaise santé. Cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, surpoids ou obésité : ces pathologies liées à l’alimentation sont aujourd’hui responsables de 80% des décès prématurés par maladies non transmissibles.»
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