Les grandes surfaces façonnent notre alimentation : aujourd’hui, 78 % des ventes de produits alimentaires consommés à domicile y sont réalisées. Deux ans après son précédent rapport, le groupement d’association Réseau action climat présente ce mardi une nouvelle étude sur nos grandes surfaces. Aldi, Lidl, Monoprix, Carrefour ou encore Leclerc et Auchan… les auteurs·ices ont passé au crible leurs pratiques en matière de durabilité et de transition alimentaire.

Elles et ils ont constaté des progrès, notamment en termes de transparence et d’engagement en faveur du climat. En revanche, sur leur transition alimentaire, les enseignes tricolores sont en retard par rapport aux autres supermarchés d’Europe : les produits carnés et les produits carnés ultratransformés sont encore surreprésentés dans les rayons. En moyenne, seuls 8% des plats cuisinés dans les magasins visités ne contenaient ni viande ni poisson – au même niveau qu’en 2023. Et cela va à l’encontre des recommandations alimentaires officielles, qui préconisent de limiter la viande et la charcuterie, et de favoriser les protéines végétales.
Du mieux sur la transparence liée aux émissions de carbone
Pourquoi ce retard ? «Le degré d’avancement des distributeurs allemands, britanniques ou néerlandais s’explique en partie par l’adoption par les pouvoirs publics de lois et de stratégies ambitieuses – ce qui fait largement défaut en France», pointe l’étude.
Tous les supermarchés français ne sont pas au même degré d’avancement, note cependant le rapport. Et les écarts se sont creusés depuis 2023. Certaines enseignes telles que Carrefour ou Monoprix ont progressé en termes de transparence sur leurs émissions de carbone. À l’inverse, Aldi et Leclerc sont encore très opaques. Tous critères confondus, Aldi arrive même dernier, avec des notes particulièrement basses. La grande surface concède dix points de retard sur Carrefour et Monoprix, qui ont respectivement obtenu les notes de 12,5/20 et 12/20.
Avant l’été 2025, le gouvernement doit publier sa Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc). Pour le Réseau action climat, il est «indispensable» que la Snanc interdise la publicité et le marketing pour les produits trop gras, sucrés et salés, en particulier lorsque ces activités ciblent les enfants. Cette stratégie doit également «fixer des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande», «favoriser la consommation de viande de qualité produite en France» et «garantir aux éleveurs une juste rémunération, tout en développant la consommation et la production légumineuses». Sans ça, «la transition alimentaire n’aura pas lieu».
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