Les oiseaux se volatilisent. L’agriculture intensive et la déforestation figurent en tête des menaces que l’humanité fait planer sur les oiseaux, dont 49% des espèces déclinent à travers le monde, révèle un nouveau rapport de l’ONG Birdlife.
5 412 espèces ont vu leurs populations baisser, tandis que 4 234 restent stables (38%) et seulement 659 connaissent une hausse (6 %), d’après les données recueillies auprès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Autres chiffres alarmants : un peu plus d’une espèce sur huit est en « danger critique » d’extinction et au moins 187 espèces auraient disparu depuis le 16e siècle.
Dans le détail, l’Amérique du Nord compte 2,9 milliards d’oiseaux (29 %) en moins depuis les années 70, principalement parmi les résidents des prairies et les populations qui effectuent des migrations. L’Union européenne est sur une pente similaire, avec 560 à 620 millions d’oiseaux (17 à 19 %) envolés depuis 1980. Les espèces des milieux agricoles y sont les plus touchées, avec 57% de déclin depuis les années 1980. Parmi les espèces européennes les plus menacées, on trouve le Vanneau sociable et l’Aigle des steppes.
Des actions fortes attendues lors de la COP15
En tête des menaces, le développement de l’agriculture intensive affecte près de 73% des espèces concernées, devant l’exploitation forestière (50 %), la prolifération des espèces invasives (40 %), la chasse (38 %) et le changement climatique (34 %). Les incendies-monstres et l’urbanisation rampante sont notamment en cause. Des phénomènes qui affectent l’habitat des espèces, quand ils ne provoquent pas directement leur mort ou les empêche de se reproduire.
« Si nous n’agissons pas de toute urgence et à plus grande échelle, de nombreuses autres espèces se rapprocheront de l’extinction », alertent les auteur·rices du rapport. Elles et ils attendent des « actions fortes » et des « politiques ambitieuses » lors de la 15ème conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal (Canada) en décembre.
Pour inverser la tendance, il faudra notamment protéger les sites importants pour la biodiversité, restaurer les habitats, lutter contre la surexploitation et le massacre illégal de certaines espèces. 60 % des extinctions d’oiseaux, de mammifères et d’amphibiens pourraient ainsi être évitées en restaurant seulement 15 % des terres dans les zones prioritaires identifiées par les scientifiques.
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Un million d’espèces sauvages sont menacées de disparition alors que la population humaine et ses besoins en ressources ne cessent de croître. La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) vient de faire paraître deux importants rapports qui dressent un état des lieux de la vie sauvage et esquissent des solutions franches pour enrayer le déclin du vivant.