Après avoir plusieurs fois repoussé l’échéance, l’exécutif présente enfin cette semaine les nouveaux objectifs climatiques du pays, qui doit accélérer très fortement sa transition. L’opération séduction des chef·fes de partis a débuté pour tenter de trouver des allié·es au Parlement.
Fini l’abaya ; le gouvernement entame cette semaine une séquence politique autrement cruciale, dédiée cette fois-ci à la nouvelle stratégie climatique de la France à 2030. Dans le sillage de l’Union européenne, le pays doit se mettre en ordre de marche pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de -55 % par rapport à 1990 (contre -40 % précédemment).
Si la confirmation des objectifs et la présentation détaillée des nouvelles mesures par Emmanuel Macron n’est prévue que lundi 25 septembre, le gouvernement est à pied d’œuvre toute cette semaine pour sonner la mobilisation générale – et déminer le terrain au passage. Ce lundi, la Première ministre a présenté les grandes lignes du plan aux principaux chef·fes des partis politiques (à l’exception de la France Insoumise, qui a boudé la réunion). Elle reproduit l’exercice ce mardi avec les membres de la société civile, qu’Emmanuel Macron a réuni au sein du Conseil national de la refondation.

La plupart des éléments communiqués cette semaine sont publics depuis juillet, mais ils sont passés sous les radars médiatiques. La comm’ du gouvernement a été plusieurs fois contrariée, d’abord par les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, puis par le remaniement estival. Du reste, les «objectifs pourront être musclés si nécessaire» d’ici à l’allocution du président, a indiqué Matignon.
Parmi les objectifs marquants déjà dévoilés : le gouvernement prévoit de tripler la production d’électricité solaire et de doubler la production éolienne d’ici à 2030. Les voitures électriques devront alors représenter 66 % des ventes de véhicules neufs contre 15 % aujourd’hui. Côté agriculture, l’exécutif compte atteindre 21% de surfaces cultivées en bio, contre 6% aujourd’hui.
Pour y parvenir, le gouvernement promis 7 milliards d’euros de dépenses supplémentaires dans le budget 2024 (les dépenses «vertes» s’élevaient à 32,5 milliards d’euros en 2023) mais l’absence de majorité à l’Assemblée pourrait lui compliquer la tâche, d’autant que les chef·fes de partis sont ressorti·es sceptiques de leur rencontre avec Élisabeth Borne. Autre mauvais signal : le gouvernement n’a toujours pas donné de calendrier pour graver ses objectifs dans une loi. Plutôt que de risquer l’enlisement au Parlement, Matignon envisage sérieusement de ne légiférer que par décrets.
À lire aussi
-
Transition énergétique : l’ampleur du défi résumée en un graphique
La consommation d'énergie mondiale suit une courbe exponentielle depuis la révolution industrielle. Aussi, le nécessaire passage des fossiles aux alternatives décarbonées pour préserver le climat est une gageure inédite. -
Le secteur de la transition énergétique recrute à tour de bras
Main d'œuvre renouvelable. Les entreprises des énergies renouvelables et de la sobriété énergétique sont à la recherche de nombreux cerveaux et paires de bras.