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Municipales 2026 : comment lancer sa liste citoyenne ?

Populaire du temps. À mesure que les élections municipales de 2026 approchent, les listes citoyennes fleurissent partout en France. Ces collectifs, portés par un idéal de démocratie directe, veulent remettre les habitant·es au cœur des décisions locales. On vous aide à vous lancer, étape par étape.
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Elles sont encore discrètes, mais bien présentes. Les listes citoyennes se multiplient dans tout le pays, à l’approche des élections municipales des 15 et 22 mars 2026. Ces initiatives locales, souvent portées par des collectifs sans étiquette partisane, défendent une idée simple : les citoyen·nes sont capables de gouverner mieux que quiconque car elles et ils connaissent intimement les besoins de leur territoire.

À la date du 5 novembre, Fréquence commune recense 350 listes constituées, «plus du double par rapport à la même période en 2020», assure à Vert Thomas Simon, membre de l’association. La dynamique s’étend d’Angoulême à Dijon, du Havre à Grenoble, d’Angers à Vanves. Elle concerne aussi de plus petites communes : Vaour (Tarn), Doussard (Haute-Savoie), Séné (Morbihan), Sucé-sur-Erdre (Loire-Atlantique) ou Lèves (Eure-et-Loir).

La maire de Poitiers Léonore Moncond’huy, élue sur une liste citoyenne en 2020, est de nouveau en campagne pour les municipales de 2026. © Poitiers collectif/Capture d’écran Facebook

En 2020, entre 400 et 600 listes citoyennes avaient vu le jour, contre une dizaine seulement en 2014. 66 mairies avaient finalement été remportées par ces collectifs à l’issue des dernières municipales. Objectif pour 2026 : «Atteindre les 1 000 candidatures», espère Thomas Simon.

Les listes doivent être déposées avant le 28 février. Pas de panique, donc : «Il est encore temps de se lancer, surtout dans les villages», assure-t-il. Pour lancer sa liste citoyenne aux élections municipales, il faut :

🤝 Se rassembler autour d’un projet commun

Tout commence par une équipe. «Trois, quatre, peut-être cinq personnes dans le village», explique Thomas Simon. Ce noyau dur, souvent composé d’ami·es ou de voisin·es, formera le moteur du projet jusqu’à l’élection. Il s’étoffera progressivement pour atteindre une dizaine, voire une quinzaine de personnes.

Une fois ce groupe constitué, il est essentiel d’organiser des réunions régulières. «Au moins une fois par semaine», recommande l’associatif. Ces temps collectifs servent à définir les valeurs du groupe : pourquoi se réunit-on ? Qu’a-t-on envie de changer ? Quels principes nous rassemblent ?

Souvent, ces listes naissent d’un ras-le-bol face à la gestion jugée autoritaire d’un·e maire en place, ou à la suite d’une mobilisation locale : opposition à une rocade, à un projet de mégabassine ou à l’installation d’un supermarché. «La moitié des listes de 2020 étaient issues d’une lutte !», souligne Thomas Simon. Il cite notamment Saillans (Drôme), commune pionnière en matière de gouvernance partagée, ou Saint-Péray (Ardèche), où une liste s’est récemment formée pour s’opposer à un projet de déviation.

📋 Élaborer un programme

Faut-il établir un programme ? La question divise. Pour certain·es, rédiger un programme avant l’élection, pour ensuite gérer la commune démocratiquement, pourrait s’avérer contradictoire.

D’autres y voient un moyen d’affirmer des priorités collectives. Si le choix est fait d’en écrire un, il doit être co-construit avec les habitant·es. Pour cela, rien de tel que des réunions publiques, annoncées par des flyers dans les boîtes aux lettres ou via la presse régionale. Les thématiques abordées peuvent aller du logement à la mobilité, en passant par l’alimentation ou l’aménagement urbain. Des groupes de travail thématiques peuvent être créés, avec un·e référent·e pour chacun.

Pour éviter toute concentration du pouvoir, les rôles d’animation doivent tourner. «Changer d’animateur chaque semaine, par exemple, garantit une vraie horizontalité», note le membre de Fréquence commune.

🫡 Constituer une liste et choisir qui prendra sa tête

Attention à bien distinguer le collectif et la liste électorale : le premier peut être large, la seconde est limitée par la taille de la commune. Dans les villes de plus de 10 000 habitant·es, la parité est obligatoire.

Pour désigner les candidat·es, Thomas Simon suggère une méthode participative : «Chaque membre du collectif propose six femmes et six hommes qu’il verrait bien figurer sur la liste.» Les personnes dont le nom revient le plus souvent sont ensuite invité·es à accepter ou non la responsabilité.

La désignation du ou de la futur·e maire est l’étape la plus délicate. Mieux vaut, si possible, éviter qu’elle émane du noyau fondateur. «Ce n’est pas toujours facile, car ce sont souvent les personnes les plus motivées», reconnaît-il. Une élection «sans candidat», fondée sur une discussion collective autour du profil idéal, peut être une solution. Les participant·es pourront ensuite suggérer le nom de la personne la plus apte à remplir ce rôle à leurs yeux. «Souvent, la personne désignée n’est pas celle à laquelle on s’attendait !», observe-t-il.

📢 Faire campagne

«Une bonne campagne, c’est d’abord une bonne communication», note-t-il encore. Il s’agit d’incarner le collectif sans tomber dans la personnalisation – un défi de taille dans un paysage politique habitué à des figures individuelles.

Tracts, marchés, porte-à-porte : tout est bon pour aller à la rencontre des habitant·es. «Si tu parles à une personne, tu as une chance sur deux qu’elle vote pour toi», estime Thomas Simon.

Pour convaincre la population que ce projet est porteur, il peut être bien, aussi, d’insister sur l’aspect démocratique du projet. L’adage de toute liste citoyenne ou participative ? «Prendre le pouvoir pour mieux le partager.»

Il s’agit aussi de miser sur une ou deux idées fortes. «Par exemple, récupérer la régie d’eau en gestion commune, rénover un tiers-lieu… Ou même préempter des terres pour faire de l’autogestion alimentaire !», illustre l’associatif.

Quant au financement, il n’est pas forcément un obstacle. «Dans un petit village, une campagne coûte rarement plus de 800 à 1 000 euros», chiffre-t-il. Une simple cagnotte peut suffire à couvrir les frais. Le défi est surtout financier dans les grandes villes, où les adversaires soutenus par des partis disposent de moyens bien supérieurs.

🛠️ Des outils à disposition des citoyen·nes

Pourquoi se lancer dans une liste citoyenne ? Comment s’y prendre ? Un podcast de l’association Fréquence commune répond à toutes vos questions. À écouter sur toutes les plateformes.

25 fiches pratiques pour lancer sa liste citoyenne, par celles et ceux qui ont tenté l’expérience : une boîte à outils pensée et créée par le réseau Actions communes. Disponible en libre accès sur le site actionscommunes.org

Municipale assistance : une très complète foire aux questions au sujet des listes citoyennes. Chaque mois, les membres du réseau Actions communes prévoient des sessions d’échange en ligne pour aider les plus motivé·es !

Quand doit-on déposer sa candidature ? Combien de temps accorder à la création d’un nom de collectif ? Pour ne pas perdre le fil et garder le cap sur les élections, Actions communes a mis un rétroplanning à disposition des collectifs citoyens. Cliquez ici pour le retrouver.

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