La carte

Toulon, Narbonne, Lens… Quelles communes risquent de basculer à l’extrême droite en 2026 ?

Fin de patrie. Le média StreetPress publie ce mardi une carte qui montre les villes qui risquent de basculer à l’extrême droite aux élections municipales de mars 2026. Le Rassemblement national et ses alliés sont aux portes du pouvoir dans plus de 50 des 500 plus grandes villes françaises. Et chez vous ?
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Il y a six ans, l’extrême droite remportait 13 communes de plus de 9 000 habitant·es aux élections municipales. Depuis, les électeur·ices ont envoyé un nombre record de député·es du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, par deux fois (88 en 2022, puis 123 en 2024), et ont placé le parti largement en tête aux européennes de juin 2024. Alors, les lepénistes voient grand pour les prochaines élections municipales des 15 et 22 mars 2026 : 50 des 500 plus grandes villes de France pourraient tomber dans leur escarcelle, selon le chercheur en sciences politiques Alessio Motta.

En lien avec ses travaux, StreetPress publie ce mardi une plateforme interactive, dont Vert est partenaire, qui identifie les villes qui pourraient être conquises par l’extrême droite en mars prochain.

«En 2020, le RN n’était pas ce que le RN est aujourd’hui, a jugé Edwige Diaz, vice-présidente du Rassemblement national chargée de l’implantation locale, interrogée par Vert le 14 septembre à Bordeaux. L’enjeu principal est de conserver les villes que nous avons et de gagner de grandes communes partout où on pourra sortir la gauche et les macronistes. On veut préparer l’alternance à tous les niveaux.» À ce jour, le parti a déjà investi des candidat·es dans plus de 500 communes. Combien de villes peut-il vraiment gagner ?

Comment fonctionne la carte ?

La carte permet d’identifier les communes les plus «à risque». Un simulateur – qui prend en compte les résultats des élections européennes et législatives de 2024 ; les municipales de 2020 ; et l’étiquette des maires sortants – a testé entre dix et soixante scénarios possibles pour les 506 villes de France qui comptent le plus d’inscrit·es sur les listes électorales (à partir de 20 000 habitant·es environ). En ressort une note pour chacune d’entre elles, sous la forme d’un «nutri-score» de A (aucune chance de basculer à l’extrême droite) à E (victoire probable dès le premier tour). Ce format s’inspire du célèbre indicateur censé renseigner les consommateur·ices sur les valeurs nutritionnelles de tel ou tel produit alimentaire.

Le maire de Béziers Robert Ménard, le maire de Fréjus David Racheline, le maire de Perpignan Louis Aliot et la potentielle candidate à la mairie de Toulon Laure Lavalette.

Les communes au-delà des 500 premières n’ont pas fait l’objet de simulations. Une note – moins précise – leur a été attribuée en fonction du rapport de force entre les trois principaux blocs (gauche, droite, extrême droite) lors des élections européennes de 2024. Par exemple, si le bloc d’extrême droite est arrivé premier avec un score supérieur au total des deux autres blocs, le risque est «élevé».

Quelles communes peuvent basculer ?

Les villes classées E sont pour la plupart des municipalités déjà aux mains de l’extrême droite et où il y a peu de suspense, comme Fréjus (Var), Béziers (Hérault) ou Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).

C’est donc dans la cinquantaine de communes classées D que tout se joue, et là où l’extrême droite a le plus d’ambitions. Elles sont situées dans le sud-est et le nord, les bassins électoraux historiques du Rassemblement national. Le chercheur Alessio Motta, à l’origine de ces travaux, distingue plusieurs cas de figure :

👉 Les communes de gauche dans lesquelles il y a un puissant réservoir de voix pour l’extrême droite : Frontignan (Hérault), Boulogne-sur-Mer et Lens (Pas-de-Calais)…

Exemple à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). «Ici, la victoire de l’extrême droite repose surtout sur le poids du sortant, détaille le docteur en sciences politiques. Comme le maire est de gauche, il peut moins compter sur le barrage des électeurs de droite au second tour.»

👉 Les villes de droite sur l’arc méditerranéen qui pourraient basculer, mais où le maire sortant est «assez solide», comme à Toulon ou à Hyères dans le Var, Narbonne dans l’Aude ou Agde dans l’Hérault… «Cela va dépendre de si le sortant se représente ou non, s’il a des affaires judiciaires sur le dos, etc.», reprend Alessio Motta.

Exemple à Menton (Alpes-Maritimes), où le maire actuel est en procès et où la droite part divisée : Louis Sarkozy, le fils de l’ancien président, y a déclaré sa candidature. «La prime au sortant est une réalité, reprend le chercheur. Mais s’il est au tribunal et remplacé, si l’équipe sortante est représentée par une candidature qui mobilise peu les électeurs, ces derniers peuvent aller voter à l’extrême droite.»

La carte sera mise à jour en fonction des forces en présence jusqu’à fin février (date limite des dépôts de candidature pour le premier tour).

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