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Marineland : l’Espagne refuse d’accueillir les orques et dauphins, le parc doit garder les animaux pour le moment

C’est assez ! Jeudi, la ministre de la transition écologique a demandé au zoo marin d’Antibes de maintenir les soins des quatorze cétacés, le temps de leur trouver une solution d’accueil. Soigneurs et animaux devaient quitter les lieux d’ici au 15 avril, mais leur avenir est de nouveau en suspens.
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Nouveau retournement de situation dans l’affaire du parc Marineland : alors que les deux orques et douze dauphins étaient censés être envoyés en Espagne avant le mardi 15 avril (notre article), les autorités ibériques ont finalement refusé le transfert. Les animaux restent donc dans les bassins du zoo marin situé à Antibes (Alpes-Maritimes), qui a fermé au public il y a trois mois.

Une orque lors d’un spectacle dans le zoo marin de Marineland. © Ojoswi/Flickr

«La ministre demande à Parques Reunidos, le propriétaire de Marineland, de veiller à ce que les soins apportés aux animaux soient maintenus dans l’attente d’une future solution», a indiqué ce jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) le cabinet de la ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher.

Un casse-tête pour le gouvernement…

Considéré comme l’un des plus grands zoos marins d’Europe, le Marineland d’Antibes a mis la clé sous la porte en janvier dernier, miné par la désaffection des touristes et la loi de 2021 sur le bien-être animal, qui interdira à partir de décembre 2026 les spectacles et le maintien en captivité d’orques et de dauphins en France.

En février, la direction du parc avait déposé une demande pour transférer, avant la mi-avril, ses deux orques, Wikie (24 ans) et son fils Keijo (11 ans), ainsi que ses douze dauphins dans deux parcs en Espagne – l’aquarium de Madrid et le Loro Parque de Tenerife (îles Canaries).

Après avoir refusé un transfert des cétacés au Japon, Agnès Pannier-Runacher avait annoncé, dans une vidéo publiée le 18 mars sur les réseaux sociaux, qu’ils seraient transférés en Espagne pour «un temps transitoire», le temps que soit mis en place un sanctuaire matin, soit un espace naturel fermé et protégé pour accueillir des espèces menacées. Une telle structure ne serait pas opérationnelle avant «au moins un an», selon son cabinet.

Mais une autorité scientifique espagnole chargée d’évaluer les infrastructures d’accueil «refuse le transfert» dans ces deux parcs, a expliqué à l’AFP le cabinet du ministère de la transition écologique, jeudi. Cette autorité a conclu que «les installations ne répondent pas aux exigences minimales en termes de surface, de volume et de profondeur pour héberger des spécimens comme ceux-là dans des conditions optimales».

… une première victoire pour les associations

La direction de Marineland insistait sur «l’extrême urgence» des transferts, dans la mesure où les contrats de ses salarié·es, et en particulier des soigneur·ses, expireront à la mi-avril, et où des travaux de maintenance seront nécessaires en cas de maintien des bassins.

Plusieurs associations s’opposent à un tel transfert dans des parcs étrangers. Mercredi, l’ONG de défense des animaux One voice alertait sur la naissance d’un bébé orque dans les bassins du parc de Tenerife et sur le danger que représenterait pour elle l’arrivée des deux orques de Marineland : «Âgée de quelques jours à peine, la jeune orque pourrait ne pas survivre à ce bouleversement».

«La vérité est que, du jour où les animaux seront sur le territoire espagnol, la France n’aura plus aucune emprise sur leur destin», pointait l’association de protection des océans Sea Shepherd France dans une lettre ouverte envoyée à la ministre de la transition écologique le 31 mars. Sa présidente, Lamya Essemlali, se disait prête à mobiliser cinq millions d’euros pour garder les animaux à Antibes.

«Tous les espoirs restent permis !», s’est félicitée cette dernière sur les réseaux sociaux, après l’annonce du refus des autorités espagnoles d’accueillir les cétacés de Marineland. Si l’on sait à présent que les orques et dauphins vont rester plus longtemps que prévu à Antibes, leur avenir et celui de leurs soigneur·ses restent encore à écrire.

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