Point d’orque. Il reste deux semaines pour décider du sort des deux orques et douze dauphins du parc Marineland à Antibes, qui a fermé ses portes en janvier. L’association Sea Shepherd France, opposée à leur transfert temporaire dans des parcs espagnols, veut les maintenir sur place le temps qu’un sanctuaire marin soit créé pour les accueillir.
Cinq millions d’euros. C’est le montant que l’association de protection des océans Sea Shepherd France est prête à mobiliser pour éviter le transfert des orques et dauphins du Marineland d’Antibes (Alpes-Maritimes) vers d’autres parcs marins en Espagne. «La vérité est que, du jour où les animaux seront sur le territoire espagnol, la France n’aura plus aucune emprise sur leur destin», a pointé la présidente de l’ONG, Lamya Essemlali, dans une lettre ouverte envoyée à la ministre de la transition écologique ce 31 mars.

L’avenir des deux orques et douze dauphins de Marineland fait couler de l’encre depuis l’annonce de la fermeture de ce parc d’attractions marin, effective depuis janvier 2025. Les cétacés et la centaine de salarié·es qui s’en occupe doivent quitter les lieux avant le 15 avril prochain, a annoncé la ministre de la transition écologique.
Des accueils «transitoires» dans des parcs espagnols
Agnès Pannier-Runacher s’est à plusieurs reprises prononcée en faveur de l’installation des animaux dans un sanctuaire marin, soit un espace naturel fermé et protégé pour accueillir des espèces menacées. La ministre s’est également opposée à leur transfert vers un zoo au Japon, voulu par la direction de Marineland. Dans une vidéo publiée le 18 mars sur les réseaux sociaux, elle a cependant annoncé qu’ils devraient être transférés dans des parcs espagnols pour «un temps transitoire», d’ici à ce qu’un tel sanctuaire soit mis en place.
Sea Shepherd France a exprimé ses craintes pour l’avenir des deux orques Wikie et Keijo, qui doivent être envoyées dans un nouveau parc à Tenerife, dans les Canaries. Même inquiétude concernant les douze dauphins, dont une partie suivra les orques, tandis que l’autre ira dans un bassin fermé au public à Madrid. Malgré les engagements des parcs espagnols, l’ONG redoute que les animaux soient de nouveau exploités commercialement, voire envoyés dans d’autres parcs en Asie. Dans sa lettre ouverte, l’association rappelle notamment le cas de l’orque sauvage Morgan, mise en spectacle au parc de Tenerife après son transfert négocié par les Pays-Bas.
Une interdiction qui n’entrera en vigueur qu’en 2026
«Il est surréaliste d’envoyer ces dix dauphins en Espagne dans un delphinarium miteux, fermé au public, alors qu’il est tout à fait possible de les garder au Marineland dans de meilleures conditions, sans les séparer, avec leurs soigneurs et en laissant le temps aux sanctuaires qui doivent les accueillir d’être finalisés, a défendu Lamya Essemlali. En ce qui concerne les orques, des projets de sanctuaires sont tout à fait envisageables.»
Sea Shepherd France souhaite à tout prix garder les cétacés à Marineland après le 15 avril, pour éviter ces transferts en Espagne. Après avoir proposé de payer les soigneur·ses du parc, l’association s’est engagée à mettre sur la table cinq millions d’euros face aux «rumeurs» assurant que cette option ne serait pas viable financièrement.
L’association a également rappelé que rien n’oblige la direction de Marineland à se séparer de ses animaux d’ici au 15 avril. La loi sur le bien-être animal, qui interdit la détention et la reproduction des cétacés en captivité ainsi que leur participation à des spectacles, n’entrera en vigueur qu’en 2026. D’ici là, tout est encore possible pour les orques et dauphins de Marineland, qui patientent toujours dans leurs bassins.
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