Canard à lol vert. Né cet été, Malheurs actuels raconte la crise climatique sur un ton parodique pour sensibiliser à tous les sujets liés à l’écologie.
« La Baule : un golfeur dévoré par des riverains », « Technologie : des arbres dans le metaverse pour sauver la planète », « Enquête : les écolos responsables du changement climatique » … Vous avez peut-être vu passer ces titres loufoques sur les réseaux sociaux au cours des dernières semaines ; ces articles émanent de Malheurs actuels, un nouveau média pastiche dédié aux sujets écologiques.
« Cela faisait longtemps que je me disais qu’il manquait un Gorafi vert », raconte à Vert Albin Wagener, chercheur en sciences du langage le jour et rédacteur en chef bénévole de Malheurs actuels la nuit. Avec ses camarades Florian Doyen, Romain Enjalbert, Cyrielle Istin et Mathieu Thomas, membres de Challenge for earth, une communauté de personnes engagées pour la planète, elles et ils ont ri un temps de cette idée sur LinkedIn, avant de se prendre au jeu.
Le nom s’impose rapidement, « car on voulait rester dans la lignée du Gorafi en parodiant un nom de journal, et Malheurs actuels [référence au très droitier Valeurs actuelles, NDLR] était particulièrement parlant », et les premières brèves sont publiées sur les réseaux sociaux au début du mois d’août. Quelques semaines plus tard, le site internet voit le jour.
L’objectif de cette initiative est simple : sensibiliser le public à la cause climatique à travers l’humour et le détournement. Pour Albin Wagener, par ailleurs très friands de mèmes – auxquels il vient de consacrer un ouvrage (Mèmologie, théorie postdigitale des mèmes) -, le ressort parodique permet de toucher des personnes peu informées sur l’écologie et d’embarquer les lecteur·rices sur des sujets, parfois lourds, de manière plus douce. « On s’amuse beaucoup à extrapoler des situations. […] L’histoire du golfeur dévoré fait rire car elle est absurde, mais elle met aussi en lumière, même de façon exagérée, les tensions qui existent dans la société. »
À lire aussi
Avec aussi, en ligne de mire, l’idée de faire mentir certains clichés : « On dépeint souvent les écolos comme des gens pas marrants, qui font chier les autres, et le ton parodique permet de faire évoluer cette image-là, de faire avancer la cause plus légèrement », sourit le rédacteur en chef.
Pour trouver de nouvelles idées, les contributeur·rices du média – une dizaine à l’heure actuelle – puisent leur inspiration dans l’actualité et les arguments climatosceptiques les plus répandus. L’équipe entend varier les registres pour interpeller : « L’idée est d’alterner entre l’humour potache, l’humour absurde et l’humour un peu dystopique, c’est-à-dire à la Black Mirror [du nom de la série britannique à succès, NDLR], où l’on ne sait pas si c’est vrai ou pas, car c’est tellement proche de la réalité que le doute est permis », abonde Albin Wagener.
En pleine structuration, Malheurs actuels compte se développer dans les semaines et mois à venir. Surmotivée, l’équipe prévoit de varier les formats, en proposant par exemple des reportages, des dossiers ou des interviews – un entretien avec le changement climatique est d’ailleurs prévu à la rentrée. Espérons tout de même que, à l’instar du Gorafi par moments, la parodie ne finisse pas par dépasser la réalité.
À lire aussi
-
En image : climat, l’urgence médiatique
Il y a urgence à parler davantage et mieux du climat dans les médias. En quelques données-clefs, cette infographie raconte les nombreuses insuffisances des journalistes sur ces sujets. -
Géo, le magazine du voyage qui s’envole vers le climato-rassurisme
Comment un titre réputé comme Géo a-t-il pu relayer des propos ouvertement climatosceptiques dans un récent entretien publié sous pseudonyme ? Plongée à travers l’histoire du magazine, ses conditions de travail difficiles et la vision du monde promue par sa direction, faite de foi aveugle dans le progrès technologique, à rebours des alertes des scientifiques.