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Malgré sa belle teinte sépia, le sable du Sahara dégrade la qualité de l’air

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Bleue comme une orange. L’épisode de « pous­sière déser­tique », qui tra­verse lente­ment la France jusqu’à jeu­di en fin de journée, est source de pol­lu­tion aux par­tic­ules fines.

La pous­sière déser­tique au-dessus de la France le 15 mars. © Sen­tinel Hub / ESA

Arraché du Sahara par des vents très forts, le sable a tra­ver­sé la Méditer­ranée, puis l’Es­pagne et se dépose sur l’Hexa­gone. Si de nom­breux inter­nautes ont posté de sub­limes images du #Saha­ran­Dust, le ciel ne se pare pas seule­ment d’une couleur orangée ; l’im­pact sur la qual­ité de l’air est bien réel. Selon les agences d’ob­ser­va­tion régionales (ATMO), des dépasse­ments des seuils d’exposition aux par­tic­ules fines d’un diamètre inférieur à dix micromètres (µm) sont observés depuis hier. Ce fut notam­ment le cas dans les départe­ments des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlan­tiques, où la pré­fec­ture a activé une procé­dure d’alerte

Inter­rogé l’an dernier sur un événe­ment sim­i­laire, Thomas Bour­drel, radi­o­logue et mem­bre du col­lec­tif Air San­té Cli­mat expli­quait au Monde que la com­po­si­tion de ces grains de sables est « moins tox­ique que celle des par­tic­ules issues de la com­bus­tion d’énergie fos­sile. Le prob­lème est qu’en voy­ageant […], elles vont trans­porter tout un tas de pol­lu­ants et d’agents pathogènes ». En 2019, une étude de chercheurs de l’In­serm fai­sait égale­ment le lien entre l’ex­po­si­tion des femmes enceintes à ces pous­sières de sable dans les Caraïbes et les risques de nais­sances pré­maturées, esti­mant que « l’ex­po­si­tion envi­ron­nemen­tale aux brumes de sable sem­ble se sura­jouter aux fac­teurs de risque ». Selon Météo France, le phénomène, observé dans les sta­tions de ski, aurait aus­si ten­dance à accélér­er la fonte de la neige. 

La déser­ti­fi­ca­tion crois­sante du Sahara (Nature), qui con­tin­ue de s’aggraver, ne devrait pas réduire ces épisodes de vents de sables à l’avenir. Comme le Giec l’expliquait dans son rap­port spé­cial sur l’effet de la crise cli­ma­tique sur les sols, « la déser­ti­fi­ca­tion exac­erbe le change­ment cli­ma­tique par plusieurs mécan­ismes, tels que la mod­i­fi­ca­tion de la cou­ver­ture végé­tale, les aérosols de sable et de pous­sière, et les émis­sions de gaz à effet de serre ».