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Malgré la poussée de l’extrême droite, le nouveau Parlement européen reconduit Ursula Von der Leyen et vote la poursuite du Pacte vert

Ursu là ! Un mois après les élections européennes, les eurodéputés ont reconduit hier Ursula Von der Leyen à la tête de l’exécutif européen. Elle a conquis l’hémicycle en hissant, une fois de plus, le climat au cœur de ses priorités. Mais les craintes étaient vives qu’elle n’enterre le sujet pour séduire à droite.
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A 401 voix pour et 284 con­tre, le Par­lement européen a large­ment redonné sa con­fi­ance, hier, à la prési­dente sor­tante de la Com­mis­sion européenne, la con­ser­va­trice Ursu­la von der Leyen. Celle qui a mis en bran­le le plus grand plan de tran­si­tion écologique de l’Union – le Pacte vert européen – a de nou­veau mis l’action cli­ma­tique en tête de ses pri­or­ités pour les cinq prochaines années. «Je veux être claire, nous allons main­tenir les objec­tifs que nous nous sommes fixés à 2030 et 2050. Et nous allons main­tenant nous con­cen­tr­er sur leur mise en œuvre sur le ter­rain», a‑t-elle insisté dans son dis­cours pro­gram­ma­tique. Une mise au point adressée aux élu·es d’extrême-droite qui ont fait cam­pagne pour le déman­tèle­ment du Pacte vert.

Pacte vert : acte 2

Plus pré­cisé­ment, Ursu­la Von der Leyen a annon­cé l’acte 2 du Pacte vert, qui sera davan­tage tourné vers la trans­for­ma­tion indus­trielle de l’Europe. L’objectif est de per­me­t­tre à la fois le développe­ment d’industries vertes comme la pro­duc­tion de pan­neaux solaires ou d’hydrogène vert, tout en trans­for­mant l’appareil exis­tant, respon­s­able de 10% des émis­sions du gaz à effet de serre du Con­ti­nent. Un «nou­veau pacte pour une indus­trie pro­pre sera lancé dans les 100 pre­miers jours du man­dat, dont l’objectif est de canalis­er les investisse­ments, en par­ti­c­uli­er dans les secteurs les plus éner­gi­vores», a‑t-elle détail­lé. Un «Fonds européen pour la com­péti­tiv­ité» sera créé pour sub­ven­tion­ner les pro­jets d’innovation et/ou de trans­for­ma­tion dans l’industrie.

Eton­nam­ment peu dis­erte sur l’Eu­rope sociale, alors que les récentes crises ont frag­ilisé les plus pré­caires, Ursu­la von der Leyen a toute­fois pro­posé un «plan loge­ment abor­d­able» pour les ménages pré­caires et annon­cé la nom­i­na­tion d’un com­mis­saire au Loge­ment. La crise du loge­ment est un thème cher aux social­istes mais, en réal­ité, le loge­ment n’est pas une com­pé­tence com­mu­nau­taire et les moyens de l’Union européenne dans ce domaine sont donc lim­ités.

Réac­tion d’Ur­su­la Von Der Leyen lors de sa réelec­tion le 18 juil­let 2024. © Euro­pean Union 2024 / EP

Impossible d’avancer sur la biodiversité

Pour Neil Makaroff, expert des poli­tiques cli­mat européennes chez Strate­gic Per­spec­tives, «Ursu­la von der Leyen est claire­ment allée cher­ché des voix chez les Verts [à l’exception des Français, ndlr] plutôt qu’à l’extrême droite». D’autre part, «en faisant de la réin­dus­tri­al­i­sa­tion verte une pri­or­ité, elle est par­v­enue à trou­ver la base d’une coali­tion qui va des écol­o­gistes à la droite».

Ces dernières semaines, la forte pop­u­lar­ité de l’extrême droite dans les sondages fai­sait crain­dre l’émergence d’une coali­tion beau­coup plus con­ser­va­trice, qui aurait obligé Ursu­la von der Leyen à amender son pro­gramme pour obtenir la con­fi­ance du Par­lement. «Au final, même si l’extrême droite a rem­porté presque un quart des sièges, elle reste divisée en blocs hétérogènes, tan­dis qu’une coali­tion vers la gauche est plus fiable et plus sta­ble», juge Neil Makaroff.

Seul bémol — et pas des moin­dres — la prési­dente de l’exécutif européen «a presque totale­ment éludé les autres défis envi­ron­nemen­taux comme l’effondrement de la bio­di­ver­sité ou les pol­lu­tions», pointe l’expert. «Vu la nou­velle donne poli­tique au Par­lement, il va être impos­si­ble pour elle de faire pro­gress­er ces sujets», anticipe-t-il. «Il est notam­ment très improb­a­ble qu’il y ait quelque avancée que ce soit sur le verdisse­ment de l’agriculture». Ursu­la Von der Leyen a rapi­de­ment esquis­sé les con­tours d’un plan sur l’adaptation de l’agriculture au change­ment cli­ma­tique et la ges­tion durable de l’eau, sans plus de détails.