Cela ne semble pas aller de soi, et pourtant : en plus de durcir la vie de millions de personnes immigrées, le gouvernement vient d’aggraver encore un peu plus la crise climatique.
Tout le but de la transition, ce n’est pas de permettre à une poignée d’occidentaux de traverser tranquillement la vie en Tesla un monde en flammes ; c’est de permettre à l’humanité – et au reste de la biodiversité – de vivre décemment. Les droits humains ne sont pas accessoires ; ils sont le cœur même de la transition climatique, et les restreindre comme le fait cette loi, c’est la chose la plus anti-écologique qui soit.
En actant un véritable repli identitaire, les droites Renaissance, LR et RN dessinent un monde plus inégalitaire et plus concurrentiel. Comme l’a très bien rappelé le climatologue Christophe Cassou, les scénarios du GIEC dans lesquels les rivalités géopolitiques et les inégalités sont exacerbées sont parmi ceux qui nous mènent vers les pires niveaux de réchauffement. La résolution de la crise climatique appelle exactement l’inverse : plus de solidarité et de coopération internationale.

Quitte à parler d’immigration en 2023, on aurait pu espérer que la question de l’asile climatique serait enfin abordée. C’est l’inverse : les personnes immigrées en provenance de pays balayés par la crise climatique verront leurs droits amputés – exactement comme les autres. En 2023, les événements météorologiques extrêmes liés au climat ont déplacé 32 millions de personnes dans le monde (essentiellement à l’intérieur de leurs pays). C’est encore plus que les guerres.
On compte 16 textes majeurs sur l’immigration depuis 2017. Combien sur le climat ? Si le gouvernement mettait au service du climat un peu de l’énergie qu’il consacre à durcir la vie des personnes immigrées, qui sait ce dont la France serait capable ?
Un édito de Loup Espargilière, rédacteur en chef de Vert
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