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L’explosion du barrage de Kakhovka en Ukraine, une «bombe environnementale de destruction massive»

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Mar­di, le bar­rage hydroélec­trique de Kakhov­ka, au sud de l’Ukraine, a été détru­it par des explosifs, entraî­nant le déverse­ment de mil­liards de tonnes d’eau dans le fleuve Dniepr. Une cat­a­stro­phe humaine et écologique aux con­séquences encore dif­fi­ciles à appréhen­der.

«Une bombe envi­ron­nemen­tale de destruc­tion mas­sive» : c’est par ces mots, forts, que le prési­dent ukrainien Volodymyr Zelen­sky a décrit la rup­ture du bar­rage de Kakhov­ka, sur­v­enue mar­di. Ce réser­voir four­nit la région en eau potable et per­met l’irrigation des ter­res agri­coles du sud du pays. Les 18 mil­liards de tonnes d’eau qu’il con­te­nait se déversent actuelle­ment dans le Dniepr et dans les local­ités situées en aval, dont la ville de Kher­son.

«Les occu­pants russ­es ont com­mis un nou­v­el acte d’écocide qui fait plan­er la men­ace de con­séquences envi­ron­nemen­tales sans précé­dent sur le sud de l’Ukraine et toute la région de la mer Noire», a réa­gi l’ONG ukraini­enne Ecoac­tion. Dans une liste effarante, cette dernière énumère la mort d’animaux d’élevages, domes­tiques ou sauvages, la destruc­tion des écosys­tèmes aqua­tiques et ter­restres à prox­im­ité, la per­tur­ba­tion de l’approvisionnement en eau de nom­breuses infra­struc­tures, la pol­lu­tion des ressources hydriques, les inon­da­tions de maisons ou d’entreprises ou encore les risques pour les ter­res agri­coles. Au moins 24 vil­lages ont été inondés, a pré­cisé le min­istre ukrainien de l’intérieur, Igor Kly­menko, mar­di. 150 tonnes d’huile de moteur ont été déver­sées à la suite de la rup­ture du bar­rage, d’après les autorités, qui ont évo­qué un risque de fuite sup­plé­men­taire de plus de 300 tonnes.

Les autorités aident les habitant·es de Kher­son à évac­uer dans des rues inondées, ce mer­cre­di 7 juin. © Ercin Erturk / Anadolu Agency via AFP

La rup­ture du réser­voir laisse aus­si crain­dre un nou­veau risque pour la cen­trale nucléaire de Zapor­i­jia, située en amont du bar­rage et qui utilise l’eau pour refroidir les com­bustibles. La sit­u­a­tion est sous con­trôle, d’après l’Agence inter­na­tionale de l’énergie atom­ique (AIEA) : «Il n’y a pas de risque à court terme pour la sûreté nucléaire», a con­fir­mé le directeur général de l’AIEA, Rafael Mar­i­ano Grossi, soulig­nant les sys­tèmes alter­nat­ifs de refroidisse­ment disponibles.

«Les dom­mages provo­qués par la destruc­tion du bar­rage sig­ni­fient que la vie va devenir intolérable­ment plus dure pour ceux qui souf­frent déjà du con­flit. Les con­séquences de ne pas être en capac­ité de fournir d’aide à des mil­lions de per­son­nes touchées par les inon­da­tions dans ces zones sont poten­tielle­ment cat­a­strophiques», a décrit le respon­s­able des Nations unies pour les affaires human­i­taires, Mar­tin Grif­fiths, lors d’une réu­nion d’urgence au Con­seil de sécu­rité de l’ONU. Selon la Con­ven­tion de Genève de 1949, la destruc­tion de bar­rages est con­sid­érée comme un crime de guerre.

Il est encore trop tôt pour appréhen­der les con­séquences à long terme de cet événe­ment. «Il est actuelle­ment impos­si­ble d’évaluer la sit­u­a­tion», a sim­ple­ment com­men­té le Groupe ukrainien pour la con­ser­va­tion de la nature. Il fau­dra atten­dre la décrue des inon­da­tions pour établir l’ampleur des dom­mages causés à l’ensemble des écosys­tèmes.