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Les Scouts et Guides de France demandent des comptes à la BNP, dont le soutien aux énergies fossiles est «incompatible avec la préservation d’un monde vivable»

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Ils ont pris leur bâton de pèlerin. Dans une let­tre adressée à leur banque, que Vert a pu con­sul­ter, les Scouts et Guides de France (SGDF) som­ment la BNP Paribas de ren­dre lis­i­bles ses engage­ments écologiques.

«Soucieux de la tran­si­tion écologique, des bénév­oles nous ques­tion­nent sur la cohérence du choix de notre parte­naire ban­caire de longue date et notre pro­jet édu­catif», com­mente auprès de Vert Quentin Chaix, délégué nation­al au développe­ment asso­ci­atif et à la com­mu­ni­ca­tion des SGDF. Avec 100 000 adhérent·es, les SGDF se revendiquent comme «la plus grande asso­ci­a­tion d’éducation pop­u­laire».

Née en 2004 d’une fusion entre les Scouts de France et les Guides de France, l’organisation catholique de jeunesse tra­vaille à sa «con­ver­sion écologique» depuis plusieurs années, dans le sil­lage de l’Encyclique Lauda­to Si, un texte du Pape François con­sacré au rap­port des humains au vivant et à la planète.

Dans «une logique de fru­gal­ité et de sobriété», l’association s’est engagée en 2020 à réduire de 21,5% ses émis­sions de gaz à effet de serre d’i­ci à 2025 au tra­vers d’actions con­crètes : ali­men­ta­tion plus végé­tale, locale et de sai­son ; répa­ra­tion et échange de matériel ; util­i­sa­tion de trans­ports moins car­bonés.

Le 6 févri­er dernier, le tré­sori­er des SGDF, Guil­laume des Cour­tis, a envoyé un cour­ri­er salé au directeur général de la BNP Paribas, Jean-Lau­rent Bon­nafé. Il s’y dit «préoc­cupé par les infor­ma­tions, qui cir­cu­lent, sur le rôle de BNP Paribas dans la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique et la préser­va­tion de notre mai­son com­mune». «Les mon­tants de finance­ment directs et indi­rects que vous octroyez aux indus­tries les plus émet­tri­ces dans l’exploration et le développe­ment de nou­veaux gise­ments de com­bustibles fos­siles sont claire­ment incom­pat­i­bles avec la préser­va­tion d’un monde viv­able et équitable», pour­suit Guil­laume des Cour­tis. Il presse la banque de ren­dre plus lis­i­ble sa stratégie et le suivi de ses engage­ments. Selon le rap­port Bank­ing on Cli­mate Chaos, la BNP Paribas serait la banque européenne qui a le plus financé le développe­ment d’énergies fos­siles, et la 11ème au niveau mon­di­al. Entre 2016 et 2022, elle y aurait investi 153 mil­liards d’euros.

Les SGDF comptent env­i­ron 860 implan­ta­tions locales, répar­ties dans l’Hexa­gone et les out­re-mer. © SGDF

Annexé à la let­tre, un doc­u­ment ultra-péd­a­gogique décor­tique le «parte­nar­i­at de long terme» entre les Scouts et la BNP. On y apprend que l’association dis­pose d’un compte unique et de facil­ités de décou­vert et de paiement. Et qu’elle a même songé à chang­er de banque. «Mal­heureuse­ment, notre ges­tion est aujourd’hui trop com­plexe», explique le doc­u­ment. Pour ses huit mil­lions d’euros de place­ments financiers, les SGDF priv­ilégient «des ban­ques plus proches de nous, par exem­ple mutu­al­istes», comme le Crédit coopératif ou la Banque postale.

Quentin Chaix, des SGDF, pré­cise que la démarche «n’est pas absol­u­ment pas de “faire le buzz” ou du plaidoy­er», mais de relay­er des inter­ro­ga­tions des mem­bres et «d’en­gager un dia­logue avec la BNP, qui a valeur péd­a­gogique».

Con­tac­té par Vert, le directeur de l’engagement de BNP Paribas Antoine Sire salue «une demande de dia­logue de la part des Scouts par­faite­ment nor­male» et sou­tient que «la BNP Paribas est la grande banque qui sort le plus rapi­de­ment des éner­gies fos­siles et le pre­mier acteur de finance­ment des éner­gies renou­ve­lables en 2023. La part de marché de BNP sur le crédit aux sociétés pétrolières et gaz­ières est tombée à 0,3% en 2023». Une ren­con­tre entre les SGDF et la banque est prévue dans les prochains jours.