La facture du climat se règle en espèces. Les êtres vivants endémiques – qui ne vivent que sur un seul territoire – seront les plus durement touchés par le réchauffement.
Menée par Stella Manes, chercheuse en écologie de l’université de Rio de Janeiro, une équipe de 15 scientifiques a synthétisé plus de 8 000 publications scientifiques anticipant les effets du changement climatique sur le vivant. Publiée le 9 avril dans Biological Conservation, leur méta-analyse (une étude de plusieurs études) s’est penchée sur 273 aires exceptionnelles de biodiversité, terrestres et marines.
Leur travail distingue les espèces endémiques, présentes exclusivement sur un seul territoire, des non-endémiques, présentes sur plusieurs aires géographiques. Cette présence peut être naturelle, par exemple du fait de migrations. Quand elle est provoquée par les humains, on parle d’espèces introduites. Si ces dernières ne seront que peu impactées dans leur ensemble, les bouleversements du climat feront trois fois plus de victimes chez les espèces non-endémiques natives et dix fois plus chez les espèces endémiques car celles-ci sont moins capables de s’adapter à un environnement en mutation.

Si le réchauffement suit la trajectoire actuelle, pour dépasser de 3 °C le niveau de l’ère pré-industrielle, le tiers des espèces endémiques terrestres et la moitié des marines seront menacées d’extinction. Dans les écosystèmes insulaires, 100 % de ces espèces rares seront menacées, et 84 % de celles de montagne. Elles seront remplacées par des concurrentes opportunistes ou invasives, au prix d’une lourde perte de biodiversité.
Des scénarios plus optimistes sont étudiés, rapporte Carbon Brief. Nous verrions disparaître « seulement » 4 % des espèces endémiques si l’Accord de Paris, qui vise une limite de 2 °C au réchauffement, était respecté. Dès 1,5 °C – un seuil qui pourrait être atteint en 2024 – 2 % d’entre elles perdront plus de 80 % de leur population.