Bien dans son basket. À 26 ans, la joueuse de l’équipe de France féminine olympique de basketball à trois contre trois a créé Green Swish : une association qui veut sensibiliser les athlètes aux enjeux écologiques liés à leur pratique du sport. Elle compte délocaliser des matchs de basket dans des endroits directement touchés par le changement climatique, notamment dans les quartiers populaires. Entretien.
Vert : En quoi consiste votre association Green Swish ?
Myriam Djekoundade : Green Swish, qu’on a fondée il y a quelques mois avec des amis qui partagent les mêmes convictions écologiques, se concentre sur la sensibilisation écologique dans le domaine sportif et s’adresse aux gens qui subissent le réchauffement climatique au quotidien.
Dans le sport, l’écologie est souvent perçue comme moralisatrice et jugeuse. Notre approche se veut différente, plus positive et inclusive. Nous voulons montrer que le sport peut être un vecteur de changement sans pointer du doigt les pratiques individuelles.
Quelles sont les actions concrètes de votre association ?
On a déjà commencé à communiquer et collaborer avec des entreprises et fédérations sportives. Nous travaillons avec la Fédération française de basket-ball, en collaboration avec la MAIF [mutuelle partenaire principale des équipes de France de basket, NDLR], pour promouvoir des initiatives écologiques comme le programme «Sport Planète», qui accompagne le monde sportif vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Les actions proposées incluent l’organisation d’événements «verts» avec des clubs de sport, où des pratiques plus durables sont encouragées : déplacements en bus plutôt qu’en voitures individuelles, utilisation de gourdes pour éviter les déchets plastiques, et redistribution des denrées alimentaires non consommées.
Comment intégrez-vous l’écologie dans le basket 3×3 ?
Avec son empreinte urbaine, le basket 3×3 offre une opportunité unique de sensibilisation. L’essence de ce sport est qu’il peut être joué un peu partout, avec ses terrains escamotables qui peuvent se glisser dans n’importe quel environnement. Nous envisageons des événements dans des lieux atypiques, comme les littoraux ou les forêts. L’idée serait d’inviter des associations locales et nationales avec des stands informatifs liés à l’environnement dans lequel se trouvera le terrain.
«Il ne faut pas que la cause climatique soit gentrifiée»
On veut aussi intégrer des compétitions et des événements dans des quartiers populaires, là où ce sport est né. L’objectif est d’amener tout le monde à se questionner et à participer, sans culpabiliser. L’écologie ne doit pas être une cause élitiste. Je pense qu’il ne faut pas que la cause climatique soit gentrifiée. Il ne faut pas juger les personnes en situation de précarité qui n’ont pas les moyens d’adopter un mode de vie écologique. Nous voulons que chaque événement soit une occasion de sensibiliser les participants et les spectateurs à la cause écologique.
Comment l’écologie influence-t-elle votre quotidien de sportive ?
J’avais déjà pris conscience du problème climatique pendant mes études en géographie et urbanisme. Depuis cette époque, j’ai réduit ma consommation de viande, je privilégie le train pour mes déplacements, et je limite mes achats de vêtements. Pour ce dernier point, je suis aidée par mon équipementier Nike avec qui on travaille via leur programme «Move to zero», qui recycle les chaussures et vêtements.
Pour le déplacement, j’utilise le train quand je me déplace individuellement, mais en équipe, c’est le club qui décide [Myriam Djekoundade évolue depuis 2022 dans le club d’ESBVA-LM (Entente sportive Basket de Villeneuve-d’Ascq – Lille Métropole), NDLR]. La plupart du temps, on prend le train, mais ça nous arrive de prendre le bus ou l’avion.
Comptez-vous vous servir des JO pour parler d’écologie ?
On verra sur le moment si ça s’y prête. C’est tellement tentant d’en parler, mais on ne se sent pas du tout légitime en tant que sportifs de haut niveau parce que notre mode de vie n’est pas compatible. Je sais que je ne suis pas parfaite, mais je suis une citoyenne qui a envie de faire quelque chose pour les gens et si j’attends que quelqu’un d’autre le fasse à ma place, ça n’arrivera pas. Il faut avancer, c’est ça qui compte.
Pour l’instant, je n’ai pas encore pu aller au village olympique, mais l’ambition écologique de Paris 2024 est déjà une bonne chose. La réutilisation des infrastructures après les Jeux est déjà un objectif majeur qui a l’air d’être réussi. C’est loin d’être parfait, mais des efforts sont faits. J’espère que cet événement pourra inspirer d’autres initiatives durables à l’avenir.
Quels sont vos espoirs de médaille ?
On fait partie des favorites. On a été championnes du monde et d’Europe en 2022 et on a fini deuxième sur ces deux compétitions l’année dernière. On commence par affronter la Chine le 30 juillet, Place de la Concorde. Si tout se passe bien, on se retrouve en finale le 6 août au même endroit ! On est très attendues donc ça met une pression en plus. Va falloir assumer !
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