En ce vendredi 21 juin, le TGV 8875 de 13h24 à destination d’Angers (Maine-et-Loire) part de la gare Montparnasse comme tous les jours. Pourtant, il ne s’agit pas d’un trajet comme les autres puisqu’à bord du train se trouve une invitée un peu particulière : Marie-José Pérec, légende du sport tricolore et unique Française triple championne olympique d’athlétisme. Elle a accepté l’invitation de la SNCF à prendre part à une expérience en partenariat avec 2tonnes, un atelier pédagogique sur le climat.
Baptisée «En’train pour le climat», l’initiative s’est déployée toute la semaine dernière sur 24 trajets vers douze destinations différentes. Pendant 40 minutes, des passager·es répondent à un quiz en équipe dans le wagon-bar pour tester leurs connaissances sur le climat et identifier les leviers d’action pour réduire leur impact.
En 2022, la SNCF et l’association avaient déjà collaboré pour animer une série d’ateliers, et ont décidé de réitérer le projet à l’occasion des Jeux olympiques. D’autres athlètes, comme la sprinteuse Christine Arron et la joueuse de rugby Lenaïg Corson, sont aussi intervenues sur certains trajets. «Je trouve que c’est aussi le rôle des athlètes de mettre leur notoriété au service de ces thématiques pour aller toucher la population», témoigne Marie-José Pérec.
Un atelier bon enfant
Ce vendredi, une dizaine de passager·es s’est réunie autour de l’athlète pour prendre part au jeu. Une maman et son jeune garçon, une étudiante, des quinquagénaires : c’est un vrai melting-pot de participant·es qui débattent avec animation des différentes questions, dont «C’est quoi la transition écologique ?», «Vers quelle hausse de températures se dirige-t-on à la fin du siècle ?», ou encore «Quel geste a le plus d’impact pour la planète ?».
«J’apprends pleins de choses !», s’exclame sans cesse Marie-José Pérec, provoquant les rires du reste du wagon. «C’est génial que des sportifs viennent et qu’ils ne soient pas spécialement engagés sur les questions écolos car ça montre que tout le monde peut le faire et que c’est surtout une histoire de bon sens. Ça désacralise aussi le sujet», explique Pierre-Alix Lloret-Bavai, cofondateur de 2tonnes et animateur de cet atelier à 320 km/h.
Un point soulevé par plusieurs participant·es, dont Frédéric : «L’atelier nous montre qu’on peut tous apprendre et que ce n’est pas grave de ne pas savoir. Pour les quinquas comme moi qui ne sommes pas nés avec l’écologie, c’est parfois plus difficile d’être sensibilisé à ces questions-là par rapport à nos enfants», raconte ce commissaire aux comptes à l’issue de l’atelier. «Quand on est en transit pendant deux heures dans le train, c’est un bon moment de respiration mais aussi de remise en question», abonde Bruno, un autre passager.
«Pour embarquer tout le monde dans la transition, il faut aller chercher les gens à des moments où ils ont du temps et de la disponibilité mentale, donc faire ces ateliers dans le train est vraiment cohérent», juge Pierre-Alix Lloret-Bavai. Un choix d’autant plus symbolique que le train est l’un des modes de transport les plus écologiques : «Ça permet aussi de montrer que les leviers possibles de transitions sont accessibles et pas compliqués, puisque les gens le font déjà !».
«Je n’ai jamais vu autant d’étrangers se parler dans un train», se réjouit Marie-José Pérec. «C’est un beau moment de partage et on repart tous avec une envie de changer au moins une chose», complète l’athlète. À la fin de l’atelier, deux posters à signer sont proposés aux participant·es. L’un demande à chacun·e d’écrire «ce qui [les] rend joyeux et qui n’émet pas de CO2» tandis que le deuxième les invite à compléter la phrase suivante : «Pour limiter mon empreinte carbone, je…». Sans hésitation, la coureuse a écrit «devenir végétarienne». «Je me suis rendue compte que la viande était l’un des plus gros impacts», confie-t-elle.
L’atelier 2tonnes a déjà sensibilisé plusieurs centaines de voyageur·ses à bord des trains de la SNCF. «On voit de plus en plus l’écologie comme un truc clivant, trop politique», analyse le cofondateur de 2tonnes. «Mais dans ces ateliers à bord, on voit que ça peut au contraire être super fédérateur.»