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Le « Skischam », ce mal venu d’Autriche qui s’empare des amateurs de ski

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Mau­vaise pente. Le Skischam – lit­térale­ment la honte du ski – désigne le malaise crois­sant des amateur·rices de glisse vis-à-vis du bilan écologique de leur séjour à la mon­tagne.

Alors que la sai­son des sports d’hiv­er bat son plein, ce nou­veau mot pour­rait bien se gliss­er dans le vocab­u­laire de certain·es vacancier·es qui s’in­quiè­tent de leur empreinte envi­ron­nemen­tale. Venu d’Autriche, pays pas­sion­né de loisirs alpins, le terme est com­posé des mots « ski » et « Scham », la honte en alle­mand. L’ex­pres­sion rap­pelle d’ailleurs le fly­gskam, la honte de l’avion, qui est entré dans le vocab­u­laire sué­dois en 2019. Alors que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique s’ag­grave, il faut dire que la pra­tique des sports de glisse affiche un bilan envi­ron­nemen­tal peu reluisant.

Tout d’abord, les sta­tions de ski sont rarement reliées à des réseaux de trans­ports en com­mun. Aus­si, plus de 60 % de leur bilan car­bone est dû aux mobil­ités car­bonées (dont la voiture), tan­dis que 20 % provi­en­nent des émis­sions liées à la con­struc­tion et au chauffage du parc immo­bili­er, a expliqué à Medi­a­part, le chercheur Vin­cent Vlès.

En France, seule une minorité (10%) part en vacances tous les ans en hiv­er, 7% par­tent une année sur deux et 18% de façon beau­coup plus épisodique, selon le Cre­doc © Leo-setä

Surtout, l’ag­gra­va­tion du réchauf­fe­ment cli­ma­tique néces­site de plus en plus sou­vent de fab­ri­quer de la neige arti­fi­cielle à l’aide d’eau et d’ad­di­tifs, pro­jetés sur les pistes par des canons à neige éner­gi­vores. Un hectare enneigé représente 4 000 m³ d’eau, néces­si­tant le creuse­ment de larges retenues arti­fi­cielles. Or, celles-ci per­turbent le cycle de l’eau et l’é­cosys­tème local tan­dis que la neige de cul­ture, plus dense que la vraie neige, affecte les sols en les pri­vant d’oxygène.

En Autriche, plus de 70% des sta­tions de ski sont déjà équipées de canons à neige. En France, la neige de cul­ture, util­isée sur 20% des pistes en 2009, approche désor­mais 40%, selon Domaines ski­ables de France.

De nom­breuses sta­tions de ski sont engagées dans une véri­ta­ble fuite en avant pour main­tenir l’en­neige­ment des pistes car, en mon­tagne, rien n’est plus lucratif que les sports de glisse. En févri­er 2020, la sta­tion pyrénéenne de Luchon-Superbag­nère avait ain­si fait l’ac­tu­al­ité en trans­férant par héli­cop­tère 50 m3 de neige pour ré-enneiger le bas des pistes (France 3 Occi­tanie). En Haute-Savoie, la munic­i­pal­ité de la Clusaz souhaite défrich­er huit hectares de forêt pour con­stru­ire une cinquième retenue d’eau en amont du vil­lage (Medi­a­part). Un mod­èle inten­able, selon Vin­cent Vles, pour qui les trois quarts des 300 sta­tions de ski exis­tant en France fer­meront d’ici à la fin du siè­cle.