Laie pas belle la vie ? La situation du sanglier Rillette a été régularisée, ont annoncé les autorités ce mardi. Sa maîtresse, Élodie Cappé, pourra garder l’animal qu’elle avait recueilli à l’état sauvage en 2023.
«La mobilisation a eu un vif succès, nous avons pu sauver Rillette, qui était menacée d’euthanasie», raconte à Vert Gloria Jourdain, soutien de la maîtresse du sanglier. Élodie Cappé, à la tête d’une écurie privée près de Chaource, dans l’Aube, avait recueilli et adopté cette femelle marcassin qui s’était réfugiée sur sa propriété en 2023 (notre article).
Ses tentatives pour régulariser la situation de la laie auprès des autorités avaient toutes échoué, et la préfecture lui avait ordonné de confier le sanglier à une structure plus adaptée. Mi-janvier, le tribunal administratif avait suspendu l’arrêté du préfet et lui avait demandé de réexaminer la demande d’Élodie Cappé dans un délai d’un mois.

Aujourd’hui, c’est officiel, «le préfet de l’Aube a régularisé la situation de l’animal, à condition que les règles essentielles soient respectées, la détention d’un sanglier devant rester rare, puisque sa place est dans la nature», a indiqué la préfecture mardi.
«Notre Rillette devient officiellement et définitivement Chaourçoise»
L’affaire connaissait un fort écho populaire et médiatique depuis la fin de l’année dernière. Le hashtag #SauvezRillette était apparu dans les tendances X (ex-Twitter) en décembre ; une pétition qui réclamait d’épargner le sanglier avait recueilli plus de 176 000 signatures ; et au début du mois de janvier, une marche de soutien à Rillette avait réuni près de 500 personnes à Chaource.
«Notre Rillette devient officiellement et définitivement Chaourçoise», s’est réjoui Élodie Cappé sur son compte Facebook, mardi soir. «Tout cela grâce à vous tous», a-t-elle lancé à ses nombreux·ses soutiens.
La préfecture arguait initialement que seuls les animaux qui proviennent d’un élevage d’origine connue peuvent prétendre à une autorisation de détention par un particulier. Les autorités avaient alors exigé que la laie soit confiée à un centre de dressage, faute de quoi elle risquait l’euthanasie. Mais Muriel Bec, à la tête de la structure qui aurait accueilli Rillette, s’était finalement rétractée, après avoir été mise en cause par les sympathisant·es de la maîtresse et les associations de protection animale.
«Cette situation doit rester exceptionnelle»
Dans son nouvel arrêté signé lundi, le préfet de l’Aube a encadré la régularisation de l’animal de conditions strictes à respecter, comme l’obligation pour sa propriétaire de lui assurer «un suivi vétérinaire régulier et rigoureux».
La laie doit aussi être «placée dans un enclos sécurisé, propre et bien délimité. Aucun contact, même occasionnel, ne doit être possible avec d’autres porcs ou sangliers». Par ailleurs, Rillette «ne peut pas sortir de son enclos», lequel «doit répondre aux besoins spécifiques de l’animal, avec des points d’eau et de nourriture adaptés».
Gloria Jourdain, qui a participé à l’organisation de la mobilisation en faveur de Rillette, rappelle que «cette situation doit rester exceptionnelle». «Les sangliers ne sont bien sûr pas des animaux de compagnie, mais des animaux sauvages, insiste-t-elle. Cette victoire ne doit pas signifier une ouverture à tout-va de ce genre de situation.»
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