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Emmanuel Macron reçoit le pétrolier qui présidera la COP28 sur le climat juste après le 49.3

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Sul­tan du débat. Jeu­di à 16 heures, quar­ante min­utes après le déclenche­ment du 49.3 sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron entrait en réu­nion avec Sul­tan Ahmed Al Jaber, patron de la com­pag­nie pétrolière émi­ratie (ADNOC) et prési­dent désigné de la COP28, comme l’a con­fir­mé l’Élysée à Vert.

En déplace­ment à Paris «dans le cadre d’une tournée d’écoute mon­di­ale» pour pré­par­er la con­férence de l’ONU sur le cli­mat prévue fin novem­bre à Dubaï, Sul­tan Al Jaber a été reçu à sa demande au palais de l’Élysée, quar­ante min­utes après le déclenche­ment du 49.3 sur la réforme des retraites.

«Cet échange a été l’occasion d’évoquer la pré­pa­ra­tion de la COP28, et d’évoquer les échéances inter­mé­di­aires, notam­ment le Som­met sur le Nou­veau Pacte financier mon­di­al à Paris les 22 et 23 juin 2023, le Som­met de l’Afrique pour le cli­mat organ­isé par le Kenya, ou encore le Som­met du G20», a pré­cisé l’Élysée. Alors que l’annonce d’Elisabeth Borne à l’Assemblée atti­sait la colère des oppo­si­tions, même l’AFP sem­blait s’étonner qu’«à l’Élysée, comme si de rien n’é­tait, Emmanuel Macron poursui[ve] son pro­gramme», après avoir enchainé les réu­nions de crise avec les min­istres.

Sul­tan Al Jaber au World Gov­ern­ment Sum­mit le 14 févri­er 2023 © Junk­tuner / Wiki­me­dia

Le risque d’une «prise de contrôle» dans les négociations

Alors que sa nom­i­na­tion pour présider les négo­ci­a­tions cli­ma­tiques avait fait débat, l’action d’Al Jaber pour le cli­mat a tou­jours du mal à con­va­in­cre les observateur·ices. Lors d’une table ronde au siège parisien de l’Agence inter­na­tionale de l’énergie, lun­di, le «mon­sieur Cli­mat» des Émi­rats a bien ten­té d’infléchir son dis­cours, assur­ant que la prochaine COP «mar­que le pre­mier bilan mon­di­al depuis l’Ac­cord de Paris, et ses con­clu­sions ne font aucun doute. Nous sommes loin du compte. Le résul­tat est le suiv­ant : le monde doit réduire ses émis­sions de 43% au cours des sept prochaines années pour main­tenir l’espoir des 1,5°C», a‑t-il déclaré en référence à l’objectif de réchauf­fe­ment d’ici 2100, fixé lors de la COP21. Il y a dix jours, à l’occasion de la con­férence Cer­aWeek sur l’énergie aux États-Unis, il avait estimé que le secteur pétroli­er et gazier devait «assumer ses respon­s­abil­ités et pren­dre les devants» en s’inscrivant «dans l’ob­jec­tif de la neu­tral­ité car­bone», mais sans appel­er à se diriger vers la fin des éner­gies fos­siles.

Les ONG envi­ron­nemen­tales n’ont pas man­qué de réa­gir à sa venue à Paris, met­tant en garde con­tre «le risque d’une prise de con­trôle des intérêts des éner­gies fos­siles dans les négo­ci­a­tions inter­na­tionales sur le cli­mat». «Déjà, en Égypte, 636 lob­by­istes du secteur avaient obtenu une accrédi­ta­tion pour la COP27, soit 25% de plus qu’à la COP26. Il y avait plus de lob­by­istes du secteur des com­bustibles fos­siles enreg­istrés que de représentant·es des dix pays les plus touchés par le change­ment cli­ma­tique», rap­pelle le Réseau action cli­mat qui regroupe plusieurs dizaines d’associations.