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Le gouvernement promet un nouveau plan pour réduire l’usage des pesticides, sans préciser d’objectifs ni de moyens

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Ô phy­tos dits ? En vis­ite au Salon de l’agriculture ce lun­di, la pre­mière min­istre Elis­a­beth Borne a esquis­sé la nou­velle mou­ture du plan Éco­phy­to, qui vise à réduire l’usage des pes­ti­cides en France.

Celle-ci a promis «plus d’anticipation, plus d’innovation et plus d’accompagnement», évo­quant les con­tours du futur plan Éco­phy­to 2030 annon­cé l’avant-veille par Emmanuel Macron. Après l’échec des deux pre­miers plans Éco­phy­to (lancés en 2008 et 2015), qui devaient per­me­t­tre de divis­er par deux l’usage des pes­ti­cides, cette troisième ver­sion devrait met­tre l’accent sur la con­cer­ta­tion de l’ensemble des acteurs du secteur, et par­ti­c­ulière­ment les agriculteur·rices. «C’est la pre­mière fois qu’on veut met­tre les agricul­teurs au cœur» des déci­sions, avance l’Élysée (Le Monde). Une façon de ras­sur­er la fil­ière agri­cole après l’interdiction soudaine des pes­ti­cides néon­i­coti­noïdes dans les cul­tures de bet­ter­ave à sucre à la fin jan­vi­er (notre arti­cle), qui avait entraîné des man­i­fes­ta­tions d’agriculteur·rices.

Le plan Éco­phy­to II, qui prévoit une réduc­tion de 50% des usages de pes­ti­cides entre 2015 et 2025, peine à mon­tr­er des résul­tats con­crets, avec une baisse des ventes de pro­duits phy­tosan­i­taires irrégulière et rel­a­tive d’année en année. © Min­istère de la tran­si­tion écologique

La pre­mière min­istre veut accélér­er la recherche pour accom­pa­g­n­er l’évolution des pra­tiques. «Nous devons met­tre au point des alter­na­tives, chim­iques et non chim­iques, crédi­bles et effi­caces. J’insiste sur ce point, car nous ne pou­vons plus être unique­ment dans la sim­ple sub­sti­tu­tion d’une solu­tion chim­ique par une autre», a‑t-elle soutenu lors d’une table ronde avec des représentant·es professionnel·les.

Comme évo­qué par Emmanuel Macron deux jours plus tôt, Élis­a­beth Borne a égale­ment insisté sur la coor­di­na­tion du nou­veau plan français avec la régle­men­ta­tion européenne. «Nous respecterons désor­mais le cadre européen, et rien que le cadre européen. Nous ne créerons aucune dis­tor­sion de régle­men­ta­tion pour nos pro­duc­teurs, sauf en cas de force majeure, quand la san­té publique est men­acée», rap­porte Con­texte (abonné·es). Autrement dit, la France n’ira pas plus loin que les inter­dic­tions prévues par l’Europe.

Enfin, la cheffe du gou­verne­ment a promis des moyens sup­plé­men­taires pour le nou­veau plan — sans toute­fois pré­cis­er de mon­tant. Elle n’a pas non plus défi­ni d’objectif chiffré de réduc­tion des pes­ti­cides. La stratégie devrait être affinée dans les prochains mois en col­lab­o­ra­tion avec les min­istères de l’agriculture, de la tran­si­tion écologique et de la recherche, et présen­tée d’ici l’été.