Un coup dans l’aile. Les oiseaux communs observés dans les jardins français sont en déclin au printemps et en essor en hiver, des phénomènes liés aux crises de la biodiversité et du climat, souligne le bilan d’un vaste programme de science participative mené par la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Moins de verdiers d’Europe ou de merles noirs au printemps, mais plus de perruches à collier ou de pigeons ramiers en hiver. Au total, 41% des espèces d’oiseaux observées dans les jardins français au mois de mai ont perdu des effectifs en dix ans, tandis que 49% des espèces comptabilisées en janvier sont en augmentation. C’est ce que révèle l’Observatoire des oiseaux des jardins, vaste dispositif de science participative initié par la LPO, le Muséum national d’histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité, dont le bilan des dix ans a été publié ce mardi.
Ce comptage national des oiseaux mené avec l’aide du grand public est organisé deux fois par an, en janvier et en mai, pour observer les comportements des espèces pendant l’hivernage et la reproduction. Les citoyen·nes sont invité·es à prendre une heure de leur temps au cours du week-end et à recenser les espèces qui peuplent leur jardin ou leur balcon. Des fiches détaillant les principaux oiseaux communs sont disponibles en ligne pour aider à les reconnaître.
Confirmé par d’autres sources scientifiques, le déclin observé au printemps est dû à la destructuration des écosystèmes naturels, sous la pression de l’urbanisation et de l’agriculture. Certaines espèces, dont le martinet noir, souffrent de la raréfaction des insectes volants à cause des pesticides, du réchauffement climatique et des rénovations de bâtiments qui limitent leur possibilité de nicher sous les toits.
En revanche, l’essor des oiseaux dans les jardins en hiver (et ce, malgré l’effondrement des populations à l’échelle du pays) s’explique par la raréfaction des ressources alimentaires qui pousse les espèces à investir les jardins. Le réchauffement climatique, qui adoucit les hivers, pourrait aussi justifier la modification des habitudes de migration hivernale et la présence accrue d’oiseaux dans les terrains français.
En janvier 2022, l’Observatoire des oiseaux des jardins a enregistré un record de participations avec 24 048 contributeur·rices. En dix ans, 6,5 millions d’oiseaux ont été comptabilisés dans près de 100 000 jardins aux quatre coins de la France. Une base de données « inédite » qui permet de comparer les dynamiques recensées « aux tendances constatées par les programmes de suivis ornithologiques menés par des experts », détaille la LPO.
Le prochain comptage hivernal a lieu ce week-end, les 28 et 29 janvier, partout en France. Vous pourrez trouver plus d’informations ici afin de prendre part à ce dispositif participatif.