La péninsule ibérique a connu cet été des températures inhabituellement élevées tout au long du mois d’août, dépassant les 40°C dans de nombreuses régions. Cette chaleur persistante a favorisé les feux de forêt, principalement dans le nord du Portugal et dans l’ouest et le nord-ouest de l’Espagne, où ils ont fait quatre mort·es dans chacun de ces pays, contraint des milliers de personnes à évacuer et ravagé de vastes étendues de terre.
Ce désastre, le doit-on au climat, alors que la planète est déjà à +1,3 degré de réchauffement par rapport au milieu du 19ème siècle ? Dans un rapport publié jeudi, le réseau international World weather attribution n’est pas aussi catégorique. Il affirme cependant que le changement climatique, principalement causé par la combustion de carburants fossiles, a rendu ce type de vagues de chaleur environ 40 fois plus fréquentes et 30% plus intenses.
Ces vagues de chaleur assèchent rapidement la végétation et sont susceptibles de déclencher des incendies intenses qui «peuvent générer leur propre vent, entraînant une augmentation de la longueur des flammes, des explosions et l’allumage de dizaines de feux à proximité à partir de braises volantes», précise l’un des auteurs Theo Keeping, chercheur à l’Imperial College London. Sans le réchauffement, «des conditions météorologiques aussi propices aux incendies ne se seraient produites qu’une fois tous les 500 ans, au lieu d’une fois tous les 15 ans comme c’est le cas aujourd’hui», ajoute-t-il.
Autre facteur ayant favorisé l’incendie : l’exode rural, qui a laissé de vastes zones de terre moins bien exploitées qu’auparavant, selon Maja Vahlberg, conseillère au Centre pour le climat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Elle ajoute : «Le déclin de l’agriculture et du pâturage traditionnels réduit le contrôle naturel de la végétation. Les terres qui étaient autrefois habitées et exploitées sont donc devenues plus inflammables.»
Un record de surfaces brûlées
En Espagne, plus de 380 000 hectares ont brûlé depuis le début de l’année, un record selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt (Effis) de Copernicus, qui collecte ces données depuis 2006. Le Portugal a de son côté perdu plus de 280 000 hectares.
Depuis deux décennies, la moyenne annuelle de surface brûlée en Europe était tombée à environ 80 000 hectares, après avoir atteint les 230 000 hectares de moyenne entre 1974 et 1994. Cette baisse, on la doit principalement à l’amélioration des mesures de prévention et à l’alourdissement des peines infligées aux responsables des incendies.
Cette année, l’Europe a atteint un million d’hectares brûlés. Cela fait de l’année 2025 la cinquième année avec la plus grande superficie calcinée depuis 1961, date à laquelle les enregistrements ont commencé.
La vague de chaleur qui a frappé l’Espagne pendant 16 jours en août 2025 y a largement contribué et a été «la plus intense jamais enregistrée», avec des températures moyennes supérieures de 4,6 degrés à celles observées au moment des précédentes vagues, d’après l’agence météorologique nationale Aemet. Cet organisme espagnol a enregistré 77 vagues de chaleur dans ce pays depuis qu’il a commencé à tenir des registres en 1975, dont six qui dépassent de quatre degrés ou plus la moyenne. Cinq d’entre elles ont eu lieu depuis 2019.
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