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L’agriculture s’invite à la COP27, pour le meilleur et pour le pire

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Le champ du cygne. À la 27ème con­férence des Nations unies (COP27) sur le cli­mat, les États ont promis de pren­dre des engage­ments en matière d’agriculture, mais la par­tie est mal entamée.

L’agriculture et l’alimentation ont longtemps été absentes des négo­ci­a­tions inter­na­tionales sur le cli­mat. Pour­tant, selon le Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec) le secteur agri­cole est respon­s­able de 37 % des émis­sions mon­di­ales de gaz à effet de serre, en inclu­ant la déforesta­tion. Il est dans le même temps un puits de car­bone impor­tant, puisqu’il séquestre 29 % des émis­sions de gaz à effet de serre dans les sols (Le Monde). Surtout, la chaîne de pro­duc­tion déjà bran­lante – 30 à 50% des ali­ments sont gaspillés dans le monde tan­dis que 800 mil­lions de per­son­nes souf­frent de la faim – est forte­ment men­acée par les effets du change­ment cli­ma­tique. Selon une étude parue dans Nature cli­mate change et repérée par Reporterre, le change­ment cli­ma­tique a déjà réduit de 21 % la pro­duc­tion agri­cole par rap­port à ce qu’elle serait sans réchauf­fe­ment glob­al.

Après avoir engagé un dia­logue (dit de Koronivia) lors de la COP23 à Bonn, les pays sont cen­sés pren­dre des engage­ments cette année. Mais « les négo­ci­a­tions sont dif­fi­ciles », con­fie Marie Cos­quer d’Action con­tre la faim. « La guerre en Ukraine génère des ten­sions extrêmes qui phago­cy­tent les débats ». Les États peinent en out­re à trou­ver des intérêts com­muns : les pays du Sud récla­ment des moyens financiers que ceux du Nord leur refusent, les États-Unis défend­ent la « smart agri­cul­ture » à base de biotech­nolo­gies et d’organismes géné­tique­ment mod­i­fiées (OGM), tan­dis que l’Europe tente de pouss­er l’agroécologie.

En atten­dant que les négociateur·rices arrivent à s’entendre (ou pas), ce sont les plus technophiles qui s’illustrent. Menée par les États-Unis et les Émi­rats arabes Unis, la coali­tion Aim for cli­mate veut notam­ment men­er des expéri­men­ta­tions pour réduire l’impact des rots des bovins, chargé de méthane, puis­sant gaz à effet de serre (plutôt que la taille des chep­tels). Une autre ini­tia­tive améri­caine, The glob­al fer­tilis­er chal­lenge, vise à amélior­er l’efficacité des engrais (plutôt qu’à en dimin­uer l’usage). Enfin, la Fon­da­tion Bill et Melin­da Gates a promis 1,4 mil­liard de dol­lars pour le finance­ment d’innovations numériques à des­ti­na­tion des petits paysans. Autant de « fauss­es solu­tions qui détour­nent les flux financiers des struc­tures paysannes qui en auraient plus besoins que de drones », com­mente Marie Cos­quer.