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L’Agence internationale de l’énergie appelle les Etats à accélérer la transition

Finis, les moulins à parole. L'Agence internationale de l'énergie est formelle : les efforts en matière de transition énergétique sont largement insuffisants pour remplir les objectifs climatiques mondiaux.
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Le World Ener­gy Out­look, dont l’édition 2021 est parue hier, est la bible du secteur. Chaque année, ce dense rap­port est mis à jour par l’A­gence inter­na­tionale de l’én­ergie (AIE), une organ­i­sa­tion qui réu­nit 30 pays par­mi les plus indus­tri­al­isés au monde. Cette année, son bilan sur la tran­si­tion énergé­tique est terne : « une nou­velle économie de l’én­ergie est en train d’émerg­er, mais pas assez rapi­de­ment pour attein­dre la neu­tral­ité car­bone en 2050 ». C’est-à-dire pour attein­dre l’équili­bre entre les émis­sions de CO2 et leur élim­i­na­tion de l’at­mo­sphère, dans un laps de temps com­pat­i­ble avec la lim­i­ta­tion du réchauf­fe­ment cli­ma­tique à 1,5°C d’i­ci la fin du siè­cle (AIE).

Certes, les parts de l’éolien ou du solaire sont en hausse dans le mix énergé­tique mon­di­al. Mais cet « élan extrême­ment encour­ageant des éner­gies pro­pres dans le monde se heurte à l’ob­sti­na­tion des com­bustibles fos­siles dans nos sys­tèmes énergé­tiques », a déclaré Fatih Birol, directeur exé­cu­tif de l’AIE. Ain­si, « la con­som­ma­tion mon­di­ale de char­bon aug­mente forte­ment cette année, con­duisant les émis­sions de dioxyde de car­bone (CO2) vers leur deux­ième plus forte aug­men­ta­tion annuelle de l’his­toire », décrit l’AIE.

A l’approche de la 26e con­férence mon­di­ale de l’ONU (COP26) sur le cli­mat, l’or­gan­i­sa­tion appelle à un « sig­nal clair d’am­bi­tion et d’action de la part des gou­verne­ments » pour répon­dre à la fois aux enjeux cli­ma­tiques et à l’en­volée actuelle des prix de l’én­ergie et en finir avec les annonces sans lende­main. Comme celle, par exem­ple, de la Russie qui a promis hier d’at­tein­dre la neu­tral­ité car­bone pour 2060, sans présen­ter de plan pour y par­venir (AFP) Pour mieux com­pren­dre les tra­jec­toires actuelles et per­me­t­tre aux Etats d’emprunter le bon chemin, l’Agence pro­pose plusieurs scé­nar­ios.

· Le scé­nario bap­tisé « zéro émis­sion nette » est le seul qui per­me­t­trait de con­tenir le réchauf­fe­ment à 1,5°C. Pour y par­venir, il faudrait renon­cer dès main­tenant à tout nou­veau pro­jet fos­sile et mul­ti­pli­er par qua­tre le rythme de développe­ment des éner­gies renou­ve­lables (notre arti­cle sur ce scé­nario).

· Le sec­ond scé­nario, celui des « poli­tiques déclarées », se base sur les mesures énergé­tiques et cli­ma­tiques que les gou­verne­ments ont déjà mis en place à ce jour. L’AIE y prévoit que la demande en com­bustibles fos­siles ralen­ti­ra pour attein­dre un plateau dans les années 2030, puis une légère diminu­tion d’i­ci 2050. Ces efforts seront insuff­isants : les tem­péra­tures moyennes mon­di­ales con­tin­ueront d’aug­menter pour attein­dre 2,6°C d’i­ci 2100.

· Le troisième scé­nario, celui des « engage­ments annon­cés », prévoit ce qui se passerait « si toutes les promess­es des États étaient mis­es en œuvre entière­ment et dans les temps ». La demande de com­bustibles fos­siles cul­min­erait alors d’ici à 2025 et les émis­sions mon­di­ales de CO2 chuteraient de 40 % d’ici à 2050. Mais l’augmentation de la tem­péra­ture moyenne mon­di­ale atteindrait env­i­ron 2,1 °C à l’horizon 2100.

C’est une pre­mière pour l’AIE : tous ces scé­nar­ios ont en com­mun d’en­vis­ager la baisse de la demande de pét­role. Pub­liée en sep­tem­bre dans Nature, une étude indi­quait que pour avoir une chance d’en rester à 1,5°C, il faudrait laiss­er 90% du gaz et 60% du pét­role dans le sol et la pro­duc­tion mon­di­ale de ces deux hydro­car­bu­res devra décroître de 3% par an jusqu’en 2050.