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L’action climatique de l’Europe passe dans les mains d’un ex de Shell et McKinsey

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Exa­m­en de con­fi­ance. Ancien salarié de Shell et de McK­in­sey, l’ex-ministre des Affaires étrangères néer­landais Wop­ke Hoek­stra a été nom­mé au poste de com­mis­saire chargé du Cli­mat au sein de l’Union européenne.

Il était atten­du au tour­nant. Wop­ke Hoek­stra a été cuis­iné pen­dant trois heures lun­di 2 octo­bre par les élu·es de la com­mis­sion Envi­ron­nement du Par­lement européen. Désigné par le gou­verne­ment néer­landais pour rem­plac­er son com­pa­tri­ote démis­sion­naire Frans Tim­mer­mans, il lui fal­lait obtenir deux tiers des voix des eurodéputé·es pour décrocher le poste. Ce fut chose faite mal­gré un CV qui inter­roge sur ses ambi­tions en matière écologique et cli­ma­tique.

«Il n’est pas du tout le can­di­dat naturel pour ce poste», lâche Neil Makaroff, expert des poli­tiques cli­ma­tiques européennes et directeur de Strate­gic per­spec­tives. Pre­mière­ment, «il vient de la droite européenne, le PPE, qui est juste­ment en train de revenir en arrière sur ses engage­ments envi­ron­nemen­taux», com­mente-t-il (notre arti­cle). «Pourquoi devrais-je, moi, cen­triste, vot­er pour un com­mis­saire au cli­mat issu du PPE, alors qu’une par­tie des mem­bres du PPE essaye de sabor­der le Green Deal ?», a même taclé le prési­dent (macro­niste) de la com­mis­sion Envi­ron­nement, Pas­cal Can­fin, dans une inter­view à Eurac­tiv.

D’autre part, rien dans sa car­rière pro­fes­sion­nelle n’indique une quel­conque appé­tence pour les sujets cli­mat. Ce serait même plutôt l’inverse, comme l’ont pointé 50 organ­i­sa­tions envi­ron­nemen­tales dans une let­tre ouverte à son encon­tre. Entre autres faits d’armes, il a notam­ment «tra­vail­lé pen­dant plus de 15 ans, entre 2002 et 2017, avec des entre­pris­es qui défend­ent les intérêts des com­bustibles fos­siles», telles que l’entreprise pétrolière Shell ou la société de con­seil McK­in­sey. Comme min­istre des Affaires étrangères pen­dant la crise san­i­taire, il a gag­né le surnom de «Mon­sieur non» en prô­nant l’orthodoxie budgé­taire plutôt que la relance et en s’opposant à tout mécan­isme de sol­i­dar­ité européen.

A l’issue d’une audi­tion par­fois mus­clée, l’eurodéputée écol­o­giste Marie Tou­s­saint recon­naît avoir enten­du de «belles promess­es», en par­ti­c­uli­er celle de vis­er 90% de baisse des émis­sions d’ici à 2040 (par rap­port à 1990), en cohérence avec les pré­con­i­sa­tions des sci­en­tifiques. «Là où le bât blesse, c’est quand on passe au con­cret : mon­sieur Hoek­stra est un adepte du tout-marché, dit-elle à Vert. D’ailleurs, il n’a eu de cesse de van­ter les mérites du marché car­bone alors que c’est loin d’être une solu­tion suff­isante, à la fois du point de vue des ressources finan­cières et pour pro­téger les plus pré­caires», pointe-t-elle.