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La justice valide les méga-bassines en Nouvelle-Aquitaine

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Alors que le tri­bunal admin­is­tratif de Poitiers vient de rejeter les recours déposés con­tre les pro­jets de réser­voirs arti­fi­ciels en Nou­velle-Aquitaine, les expert·es du Giec des Pays de la Loire recom­man­dent leur inter­dic­tion.

Mar­di, le tri­bunal admin­is­tratif de Poitiers a rejeté tous les recours déposés con­tre les autori­sa­tions de con­struc­tion de 16 retenues d’eau pour l’ir­ri­ga­tion agri­cole dans les départe­ments des Deux-Sèvres, de la Vienne et de la Char­ente-Mar­itime. En mai 2021, le tri­bunal avait déjà validé sept retenues — dont celle de Sainte-Soline — et demandé à régu­laris­er les autres. Ce mar­di, le juge a estimé que les pro­jets n’avaient pas «d’incidences sig­ni­fica­tive­ment défa­vor­ables pour l’environnement», au vu des réduc­tions de seuils de rem­plis­sage demandées aux com­man­di­taires.

La société coopéra­tive anonyme de l’eau des Deux-Sèvres, por­teuse du pro­jet con­firme «avoir revu sa copie» en réduisant les vol­umes de prélève­ment «entre 1 à 33% selon les ouvrages» et salue une «très bonne nou­velle».

«La bio­di­ver­sité a été oubliée», regrette Dori­an Guinard, maître de con­férence en droit à l’université Greno­ble-Alpes, dans une tri­bune au jour­nal La Croix. Selon lui, le tri­bunal de Poitiers a ignoré les espèces pro­tégées vivants sur le site des futures réserves d’eau. «C’est un trou béant dans le raison­nement, tant sur le plan biologique que juridique», dés­espère-t-il.

Cette dimen­sion sera peut-être prise en compte par la Cour admin­is­tra­tive d’ap­pel de Bor­deaux, où les requérant·es con­tes­tent un précé­dent juge­ment du tri­bunal de Poitiers. En mai dernier, cette juri­dic­tion avait inter­dit cinq retenues d’eau creusées en Char­ente-Mar­itime, recon­nais­sant un manque de pré­ci­sion quant aux con­séquences sur les nappes phréa­tiques et les riv­ières.

Le manque de ressources en eau, c’est ce qui inquiète désor­mais les sci­en­tifiques réu­nis dans le Giec (pour Groupe inter­dis­ci­plinaire d’experts sur le change­ment cli­ma­tique) des Pays de la Loire, une décli­nai­son locale du groupe d’expert·es de l’ONU. Dans leur dernier rap­port pub­lié ce mar­di, elles et ils con­sta­tent que «ces méga-bassines ne règ­lent pas le sujet du manque de ressource en eau voire l’accentuent».

Le groupe d’expert·es plaide en faveur de solu­tions struc­turelles dans l’agriculture, dont la for­ma­tion des agriculteur·ices aux enjeux cli­ma­tiques et un sou­tien «social et financier» pour chang­er de mod­èle.