La CluZAD. Mardi, le tribunal administratif de Grenoble (Isère) a suspendu le projet de construction d’une retenue collinaire visant à alimenter la station de ski de la Clusaz (Haute-Savoie) — un projet largement décrié pour son impact environnemental.
C’est une première victoire juridique pour les habitant·es et associations opposé·es à ce projet de lac artificiel à 1 500 mètres d’altitude. Cette retenue d’eau, qui serait la cinquième sur le territoire de la Clusaz, aurait une capacité de 148 000 mètres cube. Elle servirait, pour les deux tiers, à produire de la neige artificielle pour la station de ski, mais aussi à alimenter les réserves d’eau potable de la commune. De nombreuses associations y sont opposées en raison de son lieu d’implantation : le bois de la Colombière, à proximité d’une zone classée Natura 2000, qui abrite une cinquantaine d’espèces protégées dont le tétras lyre ou l’aigle royal.
« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite », a tranché le juge des référés, donnant raison aux cinq associations qui l’avaient saisi pour suspendre l’autorisation environnementale délivrée par la préfecture de Haute-Savoie le 20 septembre dernier.
Depuis fin septembre, des militant·es y avaient installé un campement, « la Cluzad », pour empêcher le lancement des travaux. Les occupant·es ont annoncé leur départ à la suite de la décision du juge. « Notre présence dans le bois ayant rempli sa fonction, nous plions bagage pour laisser la place au reste du vivant », a précisé le collectif la Cluzad.
France nature environnement Haute-Savoie, une des associations requérantes, a exprimé « son soulagement […] alors que les travaux étaient imminents ». Le fond du dossier devra maintenant être étudié par la justice pour aboutir à une décision définitive. Selon les informations de France 3 Auvergne Rhône-Alpes, le maire de la Clusaz, Didier Thévenet, défenseur du projet, aurait décidé de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’État pour contester cette ordonnance.
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