On n’est plus très groin. Ce jeudi, la justice administrative a suspendu la décision du préfet de l’Aube, qui interdisait à la propriétaire de Rillette de garder ce sanglier qu’elle avait recueilli à l’état sauvage en 2023.
Un peu d’air. Élodie Cappé, cette éleveuse de chevaux qui a adopté une laie sauvage, et qui souhaite la garder, peut souffler. Jeudi, dans son ordonnance, le juge des référés de Châlons-en-Champagne (Marne) a estimé que le régime applicable à la détention des animaux non domestiques n’exige «à aucun moment que ceux-ci soient nés et élevés en captivité». Même si la capture de sangliers dans la nature est en principe interdite, le préfet a toujours la possibilité de l’autoriser, relève encore le juge. Il a donc ordonné au préfet de l’Aube de réexaminer la demande d’Élodie Cappé dans un délai d’un mois.
Élodie Cappé vit près de Chaource (Aube). En 2023, elle a pris sous son aile un marcassin femelle, qui s’était réfugié sur sa propriété. Nommée Rillette, elle est aujourd’hui une adulte de 100 kilogrammes, habituée aux humains.

«Nous sommes très heureux» a-t-elle réagi. Elle espère que la préfecture va «enfin [lui] octroyer le droit de garder Rillette». Pour son avocat Karl Burger, l’éleveuse remplit toutes les conditions sur les règles de détention d’animaux d’espèces non domestiques : «Rillette est vaccinée et stérilisée. Elle vit dans un enclos sécurisé par rapport aux tiers et aux animaux sauvages. Dans son enclos, elle a tout le confort.»
Jusque-là, les tentatives de la jeune femme pour garder légalement l’animal ont toutes échoué. Sa troisième demande avait été rejetée, fin novembre, ce qu’elle contestait devant le tribunal administratif de Châlons. La préfecture arguait que seuls les animaux qui viennent d’un élevage d’origine connue peuvent prétendre à une autorisation de détention par un particulier. En juillet 2023, le préfet de l’Aube avait indiqué à Elodie Cappé que, pour éviter l’euthanasie de sa laie, elle devait la placer dans un centre spécialisé.
L’affaire connaît un fort écho populaire et médiatique depuis plusieurs semaines : une pétition qui réclame d’épargner le sanglier a recueilli plus de 176 000 signatures. Et, samedi dernier, une marche de soutien à Rillette a réuni près de 500 personnes à Chaource.