Dans l'actu

La jeunesse française est prête à réduire ses voyages en avion pour protéger le climat, mais il reste du travail

  • Par

Atter­ris­sage immi­nent ? Sur le papi­er, les jeunes français·es sont dis­posés à mod­i­fi­er leurs habi­tudes de trans­ports de loisir. En vrai, c’est un peu plus com­pliqué.

C’est ce que révèle l’ONG Green­peace, qui a pub­lié, lun­di, la pre­mière édi­tion d’un baromètre des pra­tiques de voy­age des jeunes. Menée à la fin décem­bre par l’ObSoCo (Obser­va­toire Société et Con­som­ma­tion) auprès d’un échan­til­lon de 1 200 per­son­nes représen­tatif de la pop­u­la­tion française âgée de 18 à 34 ans, l’étude passe au peigne fin les pra­tiques touris­tiques de la jeunesse hexag­o­nale au regard des enjeux envi­ron­nemen­taux.

Il appa­raît que 80% des jeunes sont préoccupé·es par le change­ment cli­ma­tique et qu’une large majorité (76%) est prête à agir dans tous les domaines du quo­ti­di­en. Hélas, seuls 12% ont iden­ti­fié les déplace­ments en avion comme l’un des postes de con­som­ma­tion indi­vidu­elle les plus pol­lu­ants.

Le bilan car­bone d’un tra­jet en avion est sous-estimé par les jeunes français·es © Green­peace

Seule la moitié des sondé·es se déclare sen­si­ble à l’empreinte car­bone du trans­port aérien. Or, rap­pelle Green­peace, un aller-retour entre Paris et Rio de Janeiro (Brésil) pro­duit l’équiv­a­lent de 2,8 tonnes de CO2 par voyageur·se. Soit davan­tage que ce que chaque être humain devrait émet­tre par année d’ici 2030, pour espér­er rester sous les 1,5 degré de réchauf­fe­ment. « Les jeunes pensent glob­ale­ment que s’ils font des efforts toute l’année ils peu­vent se per­me­t­tre de pren­dre l’avion : il y a une mécon­nais­sance des ordres de grandeurs, et donc une dis­tor­sion entre leur sen­si­bil­ité à l’environnement et la réal­ité de l’impact sur l’environnement », com­mente Agnès Crozet, de l’ObSoCo, pour Vert.

Par­mi les 32% des sondé·es qui pren­nent l’avion au moins une fois par an pour des voy­ages de loisirs, on trou­ve surtout des jeunes diplômé·es, plutôt sou­vent orig­i­naire d’Île-de-France, issu·es de class­es sociales aisées. Si 38% de celles et ceux qui pren­nent l’avion ressen­tent de la cul­pa­bil­ité, nom­bre d’entre elles et eux esti­ment que les vols de loisirs doivent rester excep­tion­nels (56% chez les jeunes qui font deux à trois vols de loisirs tous les ans, 71% pour celles et ceux qui pren­nent l’avion une fois par an).

Pour une majorité de jeunes, le lieu de vacances idéal ne se situe pas dans un pays loin­tain. Si 59% se déclar­ent prêt·es à par­tir moins loin, à voy­ager plus lente­ment (61%) et à priv­ilégi­er des modes de trans­ports moins pol­lu­ants (63%), l’idée de par­tir moins sou­vent quitte à rester plus longtemps sur place est large­ment plébisc­itée.

Il y a dif­férentes jeuness­es, et donc dif­férents idéaux de vacances. Une majorité de jeunes ne prend jamais l’avion © Green­peace

Par­mi les freins qui ralen­tis­sent le change­ment des pra­tiques : le coût des trans­ports, con­sid­éré comme un fac­teur impor­tant par 38% des per­son­nes inter­rogées. « Le prix est non seule­ment déter­mi­nant dans le choix du mode de trans­port, mais aus­si dans le choix de la des­ti­na­tion. Même avec la meilleure volon­té du monde, pour une tranche d’âge si con­cernée par les enjeux, la ques­tion du coût reste fon­da­men­tale », insiste Alex­is Chail­loux, respon­s­able « engage­ment citoyen » chez Green­peace France, joint par Vert. « Les jeunes sont prêts à pren­dre le temps de voy­ager, il y a un imag­i­naire très posi­tif autour des tra­jets effec­tués en train, mais les tar­ifs sont encore trop pro­hibitifs », souligne aus­si Agnès Crozet à Vert.

Pour Green­peace, « les avan­tages fis­caux offerts au secteur aérien, qui pénalisent des modes de trans­port moins pol­lu­ants comme le train, appa­rais­sent d’au­tant plus antin­o­miques avec la lutte con­tre le change­ment cli­ma­tique ». Par­mi les solu­tions évo­quées, celle d’un bil­let de train offert à chaque jeune de 20 ans pour lui per­me­t­tre de voy­ager gra­tu­ite­ment en Europe est plébisc­itée à 78%.