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Des compagnies aériennes font — à nouveau — voler des dizaines de milliers d’avions à vide

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Aber­ra­tion de haut vol. En rai­son des restric­tions de voy­age liées à la pandémie de Covid-19, qui flambe à nou­veau sous la poussée du vari­ant Omi­cron, des avions volent sans pas­sager afin de con­serv­er leurs créneaux horaires.

Près de « 18 000 vols inutiles » vont être opérés en jan­vi­er par la com­pag­nie aéri­enne alle­mande Lufthansa, a annon­cé son PDG dans un entre­tien avec la Frank­furter All­ge­meine Zeitung juste avant Noël. Et ce « juste pour garan­tir nos droits de décol­lage et d’at­ter­ris­sage », a pré­cisé Carten Spohr. 33 000 vols ont déjà été annulés par la com­pag­nie face à la forte baisse des réser­va­tions causée par la pandémie.

Le dirigeant a lui-même souligné l’aber­ra­tion écologique d’une telle pra­tique. Il réclame un allège­ment des règles de l’U­nion européenne pour la ges­tion des créneaux aéro­por­tu­aires. « Des excep­tions respectueuses du cli­mat ont été trou­vées dans presque toutes les autres par­ties du monde pen­dant la pandémie », a‑t-il souligné.

En Europe, pour con­serv­er d’une année sur l’autre les créneaux horaires qui leur sont attribués dans les aéro­ports, les com­pag­nies aéri­ennes sont con­traintes d’en utilis­er au moins 80 % au cours de l’an­née.

En mars 2020, au pre­mier pic de l’épidémie de Covid-19, des dizaines de mil­liers de vols avaient déjà été opérés à vide pour les mêmes raisons, mal­gré l’embolie du traf­ic mon­di­al. Cette règle avait alors été sus­pendue, face aux récla­ma­tions de respon­s­ables poli­tiques ou de plusieurs organ­i­sa­tions, comme l’As­so­ci­a­tion des com­pag­nies aéri­ennes européennes (Era) et l’Association inter­na­tionale du trans­port aérien (Iata).

La Com­mis­sion européenne avait pro­longé la sus­pen­sion jusqu’en octo­bre 2020. En févri­er 2021, le taux d’oc­cu­pa­tion min­i­mal a été réduit à 50 %, mais seule­ment jusqu’en mars 2022. Or, avec Omi­cron, la pandémie repart de plus belle, con­traire­ment aux réser­va­tions.

Si les inten­tions du secteur aérien con­cer­nant l’as­sou­plisse­ment des règles pour ces créneaux horaires sem­blent aller dans le bon sens, il con­vient de rap­pel­er que l’aviation civile est respon­s­able de 5 % du réchauf­fe­ment cli­ma­tique (Réseau action cli­mat), alors que seule une poignée de per­son­nes pren­nent l’avion. En 2018, 1 % de la pop­u­la­tion mon­di­ale était à l’o­rig­ine de 50 % des émis­sions de l’aviation (Shift project). Et le kérosène qui fait vol­er nos coucous n’est tou­jours pas taxé, con­traire­ment à l’essence que paient les auto­mo­bilistes à la pompe.

© Vert