L'exposition

La Gueule ouverte, le journal qui annonçait (avant les autres) la fin du monde

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La Gueule ouverte aurait eu 50 ans ! L’exposition pro­posée actuelle­ment à la Recy­clerie (Paris 18ème) sur l’histoire de ce jour­nal pio­nnier per­met de remon­ter le temps jusqu’aux bal­bu­tiements des mobil­i­sa­tions écol­o­gistes.

Les pre­mières cou­ver­tures du jour­nal La gueule ouverte ©  DR

Nous sommes en 1972 quand Pierre Fournier, dessi­na­teur et jour­nal­iste de Char­lie Heb­do, lance La Gueule ouverte. La France est encore imprégnée d’un esprit soix­ante-huitard. La mis­sion Apol­lo a offert au monde la pre­mière image de la Terre vue de l’espace. Celle-ci est à l’origine d’une prise de con­science glob­ale et la péri­ode voit naître de nom­breux réseaux écol­o­gistes. Alors que le Club de Rome de Den­nis Mead­ows pub­lie son rap­port sur les lim­ites à la crois­sance et que l’on célèbre la pre­mière journée mon­di­ale de la Terre, Pierre Fournier a l’intuition qu’« il faut l’ouvrir » pour dénon­cer les rav­ages infligés à la nature et les dan­gers que notre mode de vie fait courir à la planète.

Les cou­ver­tures du jour­nal La gueule ouverte (#17, 40 et 71 pub­liées en 1973 et 1975) ©  DR

Aidé par ses ami·es de Char­lie Heb­do, il organ­ise l’une des pre­mières man­i­fes­ta­tions éco­lo en France, con­tre la con­struc­tion de la cen­trale nucléaire dans le Bugey (Ain). La mobil­i­sa­tion est racon­tée dans le jour­nal, qui devient tout autant un instru­ment de lutte qu’une caisse de réso­nance pour les com­bats (anti-mil­i­taristes, anti-nucléaire, anti-pol­lu­tion) de l’époque. Si la pub­li­ca­tion s’arrête en 1980, elle reste, pour celles et ceux qui l’ont con­nu, une référence de la struc­tura­tion poli­tique de l’écologie.

La Gueule ouverte #84 (à gauche) en décem­bre 1975 cri­tique déjà forte­ment la société du spec­ta­cle et la mul­ti­pli­ca­tion des out­ils de com­mu­ni­ca­tion et d’information ©  DR

Au total, 35 Unes emblé­ma­tiques sont affichées à la Recy­clerie à Paris (18ème). Des QR codes per­me­t­tent d’accéder à des archives audio­vi­suelles sour­cées par l’Institut nation­al de l’audiovisuel (Ina) ; un cycle événe­men­tiel a été imag­iné pour ani­mer le tout : « Nous avons conçu la réflex­ion autour de trois ques­tions — la médi­ati­sa­tion de l’écologie, sa poli­ti­sa­tion et la trans­mis­sion des luttes. De nom­breux ate­liers et moments d’échanges sont organ­isés, des débats, un salon de la presse et du livre, ain­si que des ren­con­tres regénéra­tionnelles avec la plate­forme de mobil­i­sa­tion Make­sense entre activistes de plusieurs généra­tions d’écologistes ou de fémin­istes », explique Simon Rossard, co-organ­isa­teur de l’événement.

En 1978, le sous-titre et le graphisme du jour­nal ont changé. Ici les #202 et 206, parus en 1978 © DR

Toutes les infor­ma­tions sur l’ex­po­si­tion de la Recy­clerie, ain­si que des nom­breuses con­férences et autres ate­liers organ­isés à cette occa­sion sont à retrou­ver ici.