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La destruction de l’immeuble Signal en Gironde, symbole de l’érosion du littoral

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Basse côte. Ven­dre­di 3 févri­er, deux min­istres ont lancé le chantier de destruc­tion de l’immeuble de bord de mer le Sig­nal, à Soulac-sur-Mer (Gironde), con­damné par le recul du trait de côte lié à la mon­tée de l’océan.

La dis­pari­tion du Sig­nal, con­stru­it à 200 mètres de la mer à la fin des années 60, résonne comme un aver­tisse­ment. Sur la côte atlan­tique, la mon­tée de l’océan, accélérée par le boule­verse­ment du cli­mat, ronge tout le lit­toral. Selon le Groupe­ment d’in­térêt pub­lic (GIP) lit­toral, 5 800 bâti­ments de la région Nou­velle-Aquitaine sont men­acés à l’horizon 2050. Au niveau nation­al, près de 20% du trait de côte naturel est en recul.

L’édifice de qua­tre étages, qui accueille 78 apparte­ments, a été évac­ué et vidé en 2014. Moins de dix ans plus tard, « l’eau vient désor­mais presque léch­er le rez-de-chaussée », rap­porte le jour­nal Ouest-France. « On était les pre­miers réfugiés cli­ma­tiques de France », témoigne un ancien occu­pant. Comme lui, des dizaines de pro­prié­taires ont dû men­er bataille pour obtenir une indem­ni­sa­tion en 2019. « La crainte du min­istère était que cette excep­tion ne devi­enne la règle, car on ne pour­ra pas indem­nis­er chaque mai­son face à l’érosion côtière », pré­cise au Monde l’ancienne préfète Fabi­enne Buc­cio.

Ménages, assur­ances, État… Qui paiera la douloureuse ? Dans Les Échos, Bérangère Couil­lard estime qu’il faut « col­lec­tive­ment trou­ver, pour l’avenir, le finance­ment le plus adap­té », pré­cisant que « le mod­èle de finance­ment à la hau­teur de l’en­jeu, c’est-à-dire de l’adap­ta­tion au recul du trait de côte en France ne peut pas repos­er unique­ment sur l’É­tat ». À par­tir du 7 mars et pour un an, com­mence une con­cer­ta­tion sur ce sujet entre élus, sci­en­tifiques, asso­ci­a­tions de l’en­vi­ron­nement et ser­vices du min­istère. Le gou­verne­ment avance l’idée d’un fonds dédié, per­me­t­tant d’avoir une vis­i­bil­ité jusqu’en 2050.

Le Sig­nal un an après son évac­u­a­tion, en 2015, à Soulac-sur-mer. © Gadjo_Niglo / Wiki­me­dia

Ce ven­dre­di, Christophe Béchu et Bérangère Couil­lard, respec­tive­ment min­istre et secré­taire d’État à l’écologie, doivent assis­ter au coup d’envoi des travaux de démo­li­tion. De quoi « rap­pel­er la stratégie nationale d’adaptation face au recul du trait de côte » adop­tée en 2012 qui repose sur une meilleure antic­i­pa­tion de l’érosion et l’accompagnement de démarch­es locales.

Offi­cielle­ment, env­i­ron 30 kilo­mètres car­rés de ter­res ont dis­paru en France au cours des 50 dernières années et au moins 50 000 loge­ments devraient être con­cernés d’ici à 2100. En avril 2022, une liste de 126 com­munes devant s’adapter en pri­or­ité a été pub­liée par décret. Dans son 6ème rap­port d’évaluation pub­lié en févri­er 2022, le Giec (Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat) rap­pelle que l’élévation des mers, née de la fonte des glac­i­ers et des calottes polaires, ain­si que du réchauf­fe­ment est un phénomène irréversible pen­dant des siè­cles et ce, même si le cli­mat est sta­bil­isé. La réponse se trou­ve, d’après le rap­port, dans l’at­ténu­a­tion du change­ment cli­ma­tique (la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre) et l’adap­ta­tion des côtes : plan­ta­tion de végé­ta­tion pour favoris­er l’accumulation de sédi­ments, sur­veil­lance des mar­queurs de l’érosion, mod­i­fi­ca­tions de l’utilisation des ter­res et plan­i­fi­ca­tion de relo­cal­i­sa­tions des activ­ités humaines.