Désordres de grandeur

Jour du dépassement 2025 : à compter du jeudi 24 juillet, le monde vit à crédit écologique… et c’est un triste record

Le temps trépasse. À l’échelle mondiale, nous venons d’épuiser notre quota de ressources planétaires pour l’année 2025, alerte ce mercredi l’ONG Global footprint network, qui actualise chaque année la date de ce «dépassement». Cette fois, le couperet est tombé un jour plus tôt que l’an dernier, soit la date la plus précoce jamais annoncée par l’ONG.
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C’est devenu une habitude chaque été. L’ONG Global footprint network plane sur nos congés estivaux comme un oiseau de mauvais augure. L’organisation de «développement durable» révèle ce mercredi la date du jour du dépassement 2025, qui tombe jeudi 24 juillet. Un record absolu de précocité. En clair, à partir de cette date, l’humanité vit à crédit écologique jusqu’à la fin de l’année : elle a déjà consommé toutes les ressources que la Terre peut fournir en 365 jours, et elle a produit tous les déchets que la planète peut absorber sur cette période.

«Ce dépassement est dû au fait que les humains émettent plus de CO2 que la biosphère ne peut en absorber, utilisent plus d’eau douce qu’il n’en est renouvelée, abattent plus d’arbres qu’il n’en repousse, pêchent plus vite que les stocks ne se reconstituent», précise l’ONG.

Deux indicateurs clés : biocapacité et empreinte écologique

Un tel mode de vie accentue aussi la perte de biodiversité. Et l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère intensifie les phénomènes météorologiques extrêmes. Conséquence : cette surconsommation entraîne de «l’insécurité alimentaire et énergétique», des «crises sanitaires» et des «conflits», liste le Global footprint network.

Cette date du 24 juillet ne sort pas du chapeau. Elle est basée sur «les comptes nationaux d’empreinte écologique et de biocapacité tenus par l’université York», située à Toronto (Canada). Concrètement ? La biocapacité est la faculté de la Terre à «produire» de la nourriture, du bois, du bétail, du poisson ; et l’empreinte écologique correspond à ce que l’humanité utilise pour vivre.

L’ONG met régulièrement à jour le détail de sa méthodologie : «Afin de prendre en compte les toutes dernières données et conclusions admises par la science, Global footprint network recalcule chaque année la date du jour du dépassement pour chacune des années passées.» Pour cette raison, il ne faut pas consulter les articles de presse des années précédentes pour comparer les dates entre elles.

En 2024, Vert vous disait que le jour du dépassement était le 1er août – ce qui avait été annoncé à l’époque. Or, après révision des chiffres pour pouvoir les comparer avec ceux pour 2025, l’ONG a actualisé le jour du dépassement 2024, qui n’est plus le 1er août mais le 25 juillet.

Le Global footprint network observe que ce jour fatidique reste depuis plus de 15 ans dans une fourchette étroite (du 24 juillet en 2025 au 9 août en 2020 – année marquée par la pandémie de Covid-19), survenant systématiquement après sept mois écoulés. Mais ça n’est pas une bonne nouvelle. «Le reste de l’année, l’humanité vit en épuisant davantage la planète. Par conséquent, même si la date reste stable, la pression sur la planète s’intensifie, car les dommages causés par le dépassement sont cumulatifs», explique l’ONG.

Le jour du dépassement pourrait être repoussé de trois mois

En additionnant biocapacité et empreinte écologique, Global footprint network montre aussi si une population donnée utilise trop de ressources par rapport à ce que la zone qu’elle habite peut lui offrir. Elle indique ainsi un jour du dépassement pays par pays. En France, en 2025, le couperet est tombé le… 19 avril. Et il y a pire, si le monde vivait comme les Étasunien·nes, la planète aurait épuisé toutes ses ressources pour l’année le 13 mars 2025.

L’an dernier, Jean-Louis Bergey, coordinateur de la prospective à l’Agence de la transition écologique (Ademe), expliquait à Vert que le jour du dépassement est «un concept qui présente bien sûr des limites théoriques et scientifiques, mais [qu’il est] surtout un outil de communication puissant». Les auteur·ices du rapport annuel de l’ONG ne s’y trompent pas et appellent à «corriger», les «défaillances» d’un marché économique qui nous pousse à surconsommer.

«Si nous voulons continuer à considérer cette planète comme notre foyer, ce niveau de dépassement exige une ambition en matière d’adaptation et d’atténuation» des risques liés au changement climatique, pointe Lewis Akenji, membre du conseil d’administration du Global footprint network. Une piste : «Réduire de 50% les émissions de CO2 issues des combustibles fossiles permettrait de repousser [le jour du dépassement] de trois mois».

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