L’année la plus chaude jamais mesurée, la première à +1,5°C
2024 a cumulé les records. C’est l’année la plus chaude jamais mesurée, à l’échelle mondiale comme sur le Vieux continent, avec des températures annuelles inédites sur près de la moitié du territoire européen.
2024 est aussi la première à dépasser la barre des 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle (deuxième moitié du 19ème siècle). En 2015, en signant l’Accord de Paris sur le climat, la quasi-totalité des pays du globe s’était promis de tout faire pour rester sous ces +1,5°C. L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement, avec un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale, souligne le rapport.

De moins en moins de froid : seules 31% des terres ont subi trois mois de gel, contre 50% habituellement
Signe d’un réchauffement progressif sur le Vieux continent, 69% des terres ont connu moins de trois mois (90 jours) de jours de gel en 2024, contre 50% en moyenne. Ce pourcentage n’avait jamais été aussi élevé jusqu’à présent. Enfin, il n’y avait jamais eu aussi peu de jours avec une «forte contrainte de froid» (c’est-à-dire un ressenti de -13°C ou moins) sur les humains en Europe.
Pluies, tempêtes et inondations : 413 000 personnes touchées
Les précipitations ont été particulièrement contrastées entre l’est et l’ouest du continent. L’Europe de l’ouest a subi une des dix années les plus pluvieuses depuis le début des mesures, en 1950, là où l’est a connu des conditions bien plus ensoleillées.

En parallèle, le Vieux continent a expérimenté les inondations les plus graves et étendues depuis plus de dix ans. Les tempêtes et inondations ont touché environ 413 000 personnes à travers l’Europe et en ont tué au moins 335, dont 223 dans les pluies torrentielles qui ont ravagé la région de Valence (Espagne) en octobre 2024.
Des incendies dévastateurs : 110 000 hectares brûlés en une semaine au Portugal
Chaque été, les feux de forêt sévissent surtout au sud du continent. En 2024, ils ont notamment touché la Grèce, la Roumanie ou la Bulgarie – en partie alimentés par la sécheresse importante qui a marqué les Balkans. La superficie brûlée est restée juste en dessous de la moyenne jusqu’à la fin de l’été, laissant présager d’une année plus calme sur le plan des incendies.

Mais, en septembre, il n’a fallu qu’une semaine pour que des feux ravagent quelque 110 000 hectares au Portugal, soit un tiers (32%) de la zone brûlée dans l’année en Europe. Au total, les feux de forêt ont touché 42 000 personnes en Europe au cours de l’année.
Des glaciers en voie de disparition : de -1,8 à -2,7 mètres d’épaisseur moyenne
2025 a été déclarée année internationale des glaciers, mais les géants blancs sont en souffrance partout dans le monde, et y compris en Europe, où ils reculent particulièrement vite. En 2024, les glaciers de Scandinavie (Danemark, Norvège et Suède) et du Svalbard (un archipel norvégien situé en mer du Groenland) ont enregistré la plus grande perte de masse annuelle de toutes les régions glaciaires de la planète. Les glaciers scandinaves ont perdu 1,8 mètre d’épaisseur moyenne sur l’année – et jusqu’à 2,7 mètres pour ceux du Svalbard.
Une électricité de plus en plus verte : issue des énergies renouvelables à 45%
Malgré ce lourd bilan, le rapport de Copernicus tire un constat positif sur le plan des énergies renouvelables, boostées par les politiques publiques. En 2024, la proportion d’électricité produite avec des sources d’énergies renouvelables a atteint 45% – du jamais-vu. En France, les renouvelables ont fourni 27,6% de l’électricité totale en 2024. Au cours de l’année, 20 pays ont produit plus d’électricité à partir de renouvelables qu’avec des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), soit quasiment le double par rapport à l’année précédente (12).

Un besoin d’action urgent
«Nous n’avons pas besoin d’autres preuves que le changement climatique affecte l’Europe, c’est désormais évident. Ce rapport montre que des millions de personnes à travers le continent ont souffert de conditions météorologiques extrêmes l’année dernière, explique Davide Faranda, directeur de recherche du CNRS au sein du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) de l’université Paris-Saclay, et spécialiste des événements climatiques extrêmes. Si nous n’abandonnons pas rapidement les combustibles fossiles, il est certain que nos enfants seront confrontés à des catastrophes climatiques encore plus graves à l’avenir.»
Pour Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à la manœuvre de ce rapport, il est urgent d’enrayer les émissions de gaz à effet de serre pour limiter les multiples impacts du réchauffement climatique. «Chaque fraction de degré supplémentaire d’augmentation de la température est importante, car elle accentue les risques pour nos vies, pour les économies et pour la planète», a martelé Celeste Saulo, secrétaire général de l’OMM, à la sortie du rapport.
En 2024, la moitié des villes européennes avaient adopté des plans d’adaptation au changement climatique, soit deux fois plus qu’en 2018. «Un progrès encourageant», souligne le rapport. Mais qui reste trop faible pour faire face efficacement aux effets de la crise climatique qui se multiplient d’ores et déjà partout en Europe – et ailleurs dans le monde.
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