L’eXode. Un collectif encourage à déménager collectivement de X (ex-Twitter) vers de nouvelles plateformes numériques, à l’occasion de l’investiture du président américain Donald Trump, le 20 janvier. On vous explique.
La réélection du milliardaire d’extrême droite Donald Trump à la tête des États-Unis début novembre a été un «électrochoc». «Plusieurs groupes ont lancé des initiatives pour quitter X, au niveau du CNRS, mais aussi des acteurs de la tech, se remémore David Chavalarias, mathématicien et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). On vient d’horizons différents, mais on est tous convaincus que X est un danger pour le débat démocratique.» Depuis le rachat de Twitter – devenu X – par Elon Musk, la plateforme a réduit la modération et participé à la diffusion de discours toxiques. Elle est même devenue une formidable machine de propagande au service de Donald Trump pendant la campagne présidentielle.
Ces groupes informels ont fusionné pour créer HelloQuitteX, «un mouvement transpartisan et apolitique qui aide les citoyens à se réapproprier des espaces numériques compatibles avec des démocraties fonctionnelles».
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Leur objectif : organiser un départ massif et coordonné du réseau social X à l’occasion de l’investiture de Donald Trump, le 20 janvier. «On ne peut pas partir d’un réseau social tout seul, car toute la fonction du réseau est justement de mettre des gens en relation. C’est pour ça qu’il faut déplacer les relations ailleurs – sur Bluesky ou Mastodon – et au même moment, si possible», afin de stimuler la dynamique, détaille David Chavalarias. La date n’a pas été choisie au hasard, étant donné l’influence majeure qu’a eu le magnat de la tech Elon Musk, propriétaire de X, sur la campagne américaine. Ce dernier fera partie de l’exécutif américain en tant que directeur du département de l’efficacité gouvernementale.
Un tutoriel pas à pas
Il n’est pas si facile de dire au revoir à une plateforme que l’on utilise depuis des années. «Pour réussir à quitter un environnement captif, il faut une porte de sortie, et nous sommes venus construire une passerelle pour basculer d’un réseau social à un autre sans perdre ses relations», raconte David Chavalarias.
Le collectif HelloQuitteX a mis sur pied un guide en trois étapes pour ne pas laisser les internautes démuni·es face à ce changement et accompagner leur «déménagement numérique» du réseau social. Tout d’abord, il faut réclamer une archive de ses données à X, puis créer un compte sur une autre plateforme (Bluesky ou Mastodon sont proposés comme alternatives). Enfin, HelloQuitteX met à disposition un tutoriel détaillé pour aider les internautes à migrer leurs données vers de nouveaux réseaux. Il y a quelques jours, le collectif a inauguré une plateforme, hébergée par le CNRS, pour s’assurer de retrouver ses ancien·nes abonné·es de X sur Bluesky ou Mastodon. Une démarche «en cinq minutes top chrono», promet David Chavalarias.
Le collectif compte aujourd’hui une trentaine de personnes – la plupart bénévoles –, mobilisées à différents niveaux (développement du site, traduction pour toucher d’autres pays, communication, etc.). L’équipe est en lien avec de nombreuses organisations similaires dans d’autres pays, avec l’objectif de massifier l’exode du réseau social. «Le mouvement est en train de s’internationaliser», assure David Chavalarias. Il évoque la campagne Free our feeds («libérez nos flux»), soutenue par le navigateur Mozilla, qui cherche à lever des fonds pour financer la mise en place de réseaux sociaux indépendants.
Ils avaient déjà quitté X… ou ont prévu de le faire
En novembre, peu après la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, une première vague d’internautes avait déjà quitté X. Bluesky et Mastodon avaient alors enregistré des nombres records d’inscriptions.
Le quotidien britannique The Guardian a été le premier grand média à délaisser le réseau social en novembre, suivi de la Vanguardia espagnole, puis des journaux régionaux Ouest-France ou Sud Ouest – et de Vert, comme nous vous le racontions ici. D’autres médias ont d’ores et déjà annoncé leur départ au 20 janvier : Mediapart, Alternatives économiques, Au poste, Basta, etc. Une pétition sur la plateforme Change.org cumule 20 000 signatures pour appeler les médias français à quitter X.
De nombreuses organisations ont aussi claqué la porte au cours des dernières semaines, dont Greenpeace France, la Confédération fédérale démocratique du travail (CFDT), les Amis de la Terre, le club de football francilien Red star ou encore le département de Loire-Atlantique.
«Cette deuxième vague de départs s’annonce encore plus massive, se réjouit David Chavalarias. L’envie de quitter X est présente dans tous les pays. La seule chose qui manquait jusqu’à présent, c’était la portabilité des contacts. Maintenant qu’elle est en ligne, plus rien ne retient les gens sur Twitter.»
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