Edito

Gouvernement Barnier : l’écologie réduite comme peau de chagrin

Son prédécesseur avait fait si peu de cas de la transition écologique que la nomination à Matignon de Michel Barnier, ancien ministre de l’Environnement au bilan flatteur, avait fait naître un (relatif) espoir chez certains observateurs. Hélas.
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Signe de la faible importance accordée à ce sujet, le gouvernement de Michel Barnier annoncé samedi voit la transition écologique végéter au huitième rang protocolaire. Derrière l’Intérieur, les Armées, la Culture, ou l’Europe.

Macroniste de la première heure, Agnès Pannier-Runacher devient ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. Si l’énergie lui revient alors qu’elle avait été cédée au ministère de l’Économie, le périmètre de son portefeuille a été fortement restreint. Ainsi, les Transports ou la Mer passent sous l’égide du nouveau ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, dirigé par la conservatrice (ex-LR, passée chez Renaissance) Catherine Vautrin.

Le secrétariat d’Etat chargé de la Biodiversité a, lui, tout bonnement disparu.

La gestion des forêts, jusqu’ici opérée par l’Hôtel de Roquelaure, échoit au ministère de l’Agriculture. Un ministère glané par Annie Genevard, vice-présidente LR de l’Assemblée nationale. Très à l’écoute des revendications des chasseurs, elle s’est souvent opposée aux mesures de protection de la nature.

À l’instar de son prédécesseur Gérald Darmanin, le nouveau ministre (LR) de l’Intérieur Bruno Retailleau avait réclamé en vain la dissolution des Soulèvements de la Terre, estimant même que «les élus irresponsables qui paradent auprès [de ces] délinquants» devraient être suspendus de leurs fonctions. Il y a peu de doutes quant à la manière dont il gèrera les mobilisations écologistes.

Quelques jours plus tôt, le Secrétariat général à la planification écologique, organisme censé permettre d’aiguiller le Premier ministre et d’assurer le respect des objectifs écologiques du pays dans toutes les politiques publiques, était déconnecté du cabinet de Michel Barnier.

Bon nombre des postes clefs liés aux défis environnementaux sont désormais aux mains d’une droite LR muette sur ces sujets, quand elle ne se fait pas pourfendeuse de «l’écologie punitive». S’il échappe à la censure, ce gouvernement fait craindre de nombreux et délétères retours en arrière quand jamais l’urgence d’agir n’a été aussi grande.

Photo de couverture : Michel Barnier en 2018. © Alde Group / Flickr

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