Une polémique qui tombe à pique ? À deux mois de la coupe du Monde de football au Qatar, le débat sur les déplacements des joueurs interroge de manière rafraîchissante l’impact carbone des clubs de foot.
« Croyez-moi que je suis concerné sur les problèmes de climat, de notre planète, je sais la responsabilité que nous avons. On n’est pas hors-sol, on est très lucides, simplement, c’est une blague qui arrive au mauvais moment, qui est de mauvais goût, et je le regrette » ; mardi soir, dès la fin de la rencontre entre le Paris Saint-Germain et la Juventus Turin, l’entraîneur parisien Christophe Galtier a fait son mea culpa, après le tollé suscité par sa phrase ironique où il prétendait que son équipe songeait à recourir au « char à voile » pour se déplacer.
Pour le rédacteur en chef des Cahiers du football, Jérôme Latta, la polémique est une « étincelle qui alimente le débat sur les efforts qu’on est en droit d’attendre des clubs et des ultra-riches », alors qu’au même moment, plusieurs politicien·nes proposent d’interdire les jets privés. « Demander des comptes est d’autant plus nécessaire que les clubs communiquent sur leurs démarches pour l’environnement », dit encore à Vert le spécialiste du ballon rond.
En 2021, le PSG n’a pas hésité à se vanter d’être devenu le premier club français à adhérer au « Sports for climate action », programme lancé en 2015 par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Un discours « forcément paradoxal » de la part d’un club « vitrine de la diplomatie sportive d’un état gazier », détenu par l’émirat du Qatar et sponsorisé par la compagnie aérienne Qatar Airways.
Pour justifier ses déplacements en jet, le club parisien a évoqué des raisons de sécurité ou encore l’absence de dessertes sur certains trajets. Mais la marge de progression est encore large, d’autant plus qu’à l’international, certains clubs comme le Betis Séville ne se déplacent qu’en train pour leurs matchs de championnat. En France, selon une étude de la Ligue de football professionnelle (LFP) menée sur la saison 2019-2020, plus de 60 % des trajets des clubs de foot avaient été effectués en avion, 31% en bus et seulement 4% en train.
« C’est un accélérateur de l’histoire à un point qu’on n’imaginait pas possible, savoure l’économiste Maxime Combes dans un entretien à Libération. Le bad buzz est gigantesque. […] Le foot pro, et au-delà, l’ensemble du sport de haut niveau, va devoir se regarder dans une glace et voir ce qui peut être changé ou pas ».
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