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En rénovant ses bâtiments, l’Europe peut réduire de 25 % sa demande en gaz russe d’ici 2030

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De quel bois se chauffe-t-on ? La réno­va­tion des bâti­ments et l’installation de pom­pes à chaleur devraient être une pri­or­ité pour lim­iter notre dépen­dance au gaz russe, selon une étude de Cam­bridge Econo­met­rics pub­liée ce lun­di.

À lui seul, le secteur du bâti­ment représente 40 % de la con­som­ma­tion énergé­tique et 36 % des émis­sions de gaz à effet de serre (GES) de l’U­nion européenne. Pour remédi­er à ce prob­lème, les écon­o­mistes de Cam­bridge Econo­met­rics sug­gèrent d’équiper mas­sive­ment les loge­ments de pom­pes à chaleur – une tech­nolo­gie d’ores et déjà large­ment disponible – et d’œuvrer à leur réno­va­tion énergé­tique.

Leur rap­port, com­mandé par La Fon­da­tion européenne pour le cli­mat et coor­don­né par la Euro­pean alliance to save ener­gy (EU-ASE, créée par une ini­tia­tive d’en­tre­pris­es et d’ONG lors de la 16ᵉ con­férence de l’ONU sur le cli­mat), a mod­élisé dif­férents scé­nar­ios de réno­va­tion et de choix énergé­tiques.

Leur étude insiste sur les mul­ti­ples avan­tages d’une poli­tique européenne de réno­va­tion mas­sive du loge­ment. Celle-ci lim­it­erait les impor­ta­tions de gaz – forte­ment util­isé pour chauf­fer les foy­ers – avec, à la clef, une économie annuelle de 15 mil­liards d’euros d’i­ci à 2030. De quoi accélér­er le développe­ment des éner­gies renou­ve­lables et ren­forcer aus­si la sécu­rité énergé­tique de l’Eu­rope. La réno­va­tion ther­mique des bâti­ments fait par­tie des recom­man­da­tions avancées la semaine dernière par la Com­mis­sion européenne pour réduire la dépen­dance au gaz russe. « Chaque gain de 1 % d’ef­fi­cac­ité énergé­tique entraîne une réduc­tion de 2,6 % des impor­ta­tions de gaz », a rap­pelé Mon­i­ca Fras­soni, prési­dente de l’EU-ASE.

En revanche, miser sur l’hydrogène « vert » pour chauf­fer les loge­ments n’aurait pas les mêmes béné­fices socio-économiques que les pom­pes à chaleur, relèvent les chercheur·euses, qui recom­man­dent de réserv­er ce vecteur d’élec­tric­ité au trans­port mar­itime et à cer­tains secteurs indus­triels.


Illus­tra­tion des prin­ci­paux béné­fices socio-économiques d’une réno­va­tion effi­cace avec un recours aux pom­pes à chaleur d’i­ci à 2050 : créa­tion de 1,2 mil­lion d’emplois, réduc­tion des dépens­es liées aux impor­ta­tions de gaz, hausse du PIB, hausse des revenus disponibles pour les plus pré­caires, réduc­tion des émis­sions des oxy­des d’a­zote (NOx), et baisse des fac­tures de chauffage pour les ménages © Euro­pean Cli­mate Foun­da­tion

Ce vaste chantier per­me­t­trait aus­si de rehauss­er le PIB annuel européen de 0,8 % en 2030 et de créer 1,2 mil­lion d’emplois d’ici à 2050. Sans oubli­er le con­fort accru des ménages, la baisse des fac­tures d’én­ergie et la diminu­tion des décès liés aux émis­sions d’oxy­des d’a­zote (NOx) : « l’u­til­i­sa­tion des pom­pes à chaleur per­me­t­trait de divis­er par plus de dix les émis­sions de NOx d’i­ci à 2050 », pré­cise l’é­tude.