Pluie sans fond. Longtemps considérée comme un déchet, l’eau de pluie s’impose progressivement comme une ressource à préserver. Les aides publiques pour les particuliers se multiplient, mais les usages restent limités.
Généraliser la réutilisation de l’eau de pluie, c’est l’une des priorités présentées par le gouvernement en avril pour combattre la sécheresse. De nombreuses collectivités locales déploient d’importantes aides pour encourager les particuliers à s’équiper de cuves de récupération, sur lesquelles s’applique déjà une TVA réduite. À la clé, un foyer peut espérer réduire sa consommation d’eau potable jusqu’à 40%.
«L’engouement n’a jamais été aussi importante, notamment pour les constructions neuves», se réjouit auprès de Vert Bertrand Gonthiez, auteur de plusieurs manuels pratiques sur la récupération d’eau de pluie. Des villes comme Rennes, Nantes ou Brest exigent même des bâtiments neufs qu’ils soient dotés de système de récupération. Une mesure qui pourrait prochainement être généralisée à l’ensemble du pays, comme c’est déjà le cas en Belgique. «Quand l’eau de pluie s’écoule, il y a neuf chances sur dix pour qu’elle finisse dans les rivières, océans ou stations d’épuration. En la récupérant, on l’intercepte pour de nouveaux usages et pour la rendre ensuite au circuit», explique Thomas Contentin, directeur de la société Aquality et président des Industriels français de l’eau de pluie (Ifep).
Rien à voir, selon lui, avec les retenues agricoles ou «mégabassines» qui prélèvent l’eau directement dans les nappes souterraines. «L’eau de pluie peut au contraire permettre une meilleure infiltration dans la terre si on l’utilise pour jardiner», ajoute le professionnel.
Demain, récupérer l’eau de pluie pour la boire ?
Si la récupération de l’eau de pluie est répandue pour les usages extérieurs comme l’entretien des jardins ou le lavage des voitures, les Français·es l’utilisent encore très peu pour les services domestiques. La France restreint toujours son utilisation à la chasse d’eau des toilettes ou aux machines à laver. «Les organismes sanitaires freinent des quatre fers l’expansion à d’autres usages. C’est perçu comme un retour en arrière par rapport à notre histoire», explique Bertrand Gonthiez.
En avril dernier, un groupe de travail missionné par le gouvernement pour réfléchir à une plus grande utilisation des eaux non conventionnelles recommandait de faire sauter ces verrous réglementaires. Les expert·es proposent notamment de rendre légal la transformation de l’eau de pluie en eau potable, propre à la consommation, comme c’est déjà le cas en Guyane française, confrontée à un manque d’eau chronique.
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