Non à particules. La pollution de l’air provoque tous les ans jusqu’à 20% des nouveaux cas de maladies respiratoires chez les enfants et jusqu’à 13% chez les adultes, selon une étude de Santé publique France parue mercredi. L’établissement liste des solutions pour réduire le nombre de victimes, et le coût de leur prise en charge.
AVC, asthme, cancer du poumon, diabète… L’exposition au long cours à la pollution atmosphérique entraîne un «fardeau considérable», sanitaire et économique, avec plusieurs dizaines de milliers de nouvelles victimes de maladies chaque année dans l’Hexagone, indique une étude de Santé publique France (SPF) parue mercredi.
On savait déjà que 40 000 décès étaient attribuables aux particules fines chaque année. Dans son étude sur la période 2016-2019, l’institution a évalué l’impact de la pollution de l’air sur le développement de huit maladies au lien avéré avec l’exposition aux particules fines et au dioxyde d’azote. Des émissions générées par le trafic routier, le chauffage au bois, l’industrie, ou encore le secteur agricole.

Cancer du poumon, asthme, pneumopathie et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures (grippe exclue), mais aussi accidents vasculaires cérébraux (AVC), infarctus, hypertension et diabète de type 2 ont été étudiés.
D’une pathologie et d’un polluant à l’autre, chaque année, la pollution de l’air provoque «entre 12 et 20% des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (soit 7 000 à 40 000 cas). Chez l’adulte, c’est entre 7 et 13% des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques (4 000 à 78 000 cas)», selon ces travaux.
Les enfants sont les plus vulnérables
«Certaines populations sont plus vulnérables» : les enfants, davantage exposés à des maladies ultérieures en raison d’une capacité respiratoire entravée, les personnes âgées, les femmes enceintes, les travailleur·ses ou sportif·ves en extérieur, les fumeur·ses, expose Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et Santé de Santé publique France.
Si le lien est établi entre pollution de l’air et naissances prématurées ou maladies neurodégénératives – comme les troubles autistiques ou Parkinson -, les données actuelles ne permettent pas de les quantifier, selon SPF. Idem pour les particules ultrafines, pose Sylvia Medina.
«On sait que les populations les plus défavorisées ont un niveau de santé plus fragile et plus de difficultés d’accès aux soins», rapporte Guillaume Boulanger (direction Santé Environnement Travail, à SPF). Mais les chercheur·ses n’ont pas mis en évidence, à Rennes, Strasbourg, Lyon et Paris, «que les populations plus défavorisées étaient plus exposées à la pollution».
Limiter la concentration de particules et de dioxyde d’azote
«Réduire les niveaux des particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant» permettrait d’éviter «plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies», souligne l’étude.
Ramener les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) éviterait les trois quarts des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines (PM2,5) et diviserait par deux celles liées au dioxyde d’azote (NO2). Ainsi, 30 000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans seraient épargnés.
Une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air va durcir en 2030 les seuils maximum de particules et de dioxyde d’azote. Pour Guillaume Boulanger, «c’est un premier pas, qui supprimerait 15% du fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude». L’objectif français reste toutefois de viser les valeurs de l’OMS, plus ambitieuses.
Les politiques publiques, au risque d’être impopulaires, doivent poursuivre leurs efforts sur tout le territoire et sur toutes les sources de polluants de l’air, ont plaidé les experts. En juin 2023, l’État avait été condamné, pour la première fois, à indemniser des victimes de la pollution de l’air.
Un coût élevé
Le «poids économique majeur» de l’impact de la pollution de l’air a été chiffré en partenariat avec l’école Aix-Marseille School of Economics. Résultat : «12,9 milliards d’euros en lien avec les particules fines, soit environ 200 euros par an et par habitant, et 3,8 milliards d’euros pour le dioxyde d’azote, soit 59 euros par an et par habitant».
D’après l’économiste Olivier Chanel, cela comprend la consommation de ressources médicales (consultations, médicaments, hospitalisations, transports…), les ressources perdues par la société (salaires, moindre accès au marché du travail, retraite anticipée) et la perte de bien-être pour les patients.