Ce mardi matin, le président de la République présentait France 2030 : un programme d’investissement public dans plusieurs nouvelles technologies. Une enveloppe d’un milliard d’euros sera attribuée au nucléaire, dont une partie devra encourager la recherche et développement autour des Small modular reactors (SMR). Ces petits réacteurs nucléaires ont une puissance comprise entre 50 et 250 mégawatts (MW), contre 900 à 1 400 MW pour les réacteurs déjà installés en France. Alors que le chantier du nouvel EPR de Flamanville — et ses réacteurs de 1 700 MW — est un véritable fiasco et endette lourdement EDF, l’exécutif veut promouvoir ces petits réacteurs comme une alternative plus simple et déployable rapidement, d’ici 2030. Une technologie encore balbutiante : pour l’heure, il n’existe qu’un seul SMR en activité, en Russie, et 70 autres sont en projet (lire l’article de 20 Minutes à ce sujet).
En parallèle, depuis la fin 2019, EDF, le ministère des finances et celui de la transition écologique planchent à la demande du gouvernement sur la construction de six nouveaux réacteurs EPR (à eau pressurisée) : d’après un document consultés par Contexte, leur coût pourrait se monter à 47,2 milliards d’euros et les installations seront « mises en service » entre 2035 et 2044.
Dimanche, le ministre de l’économie Bruno Le Maire publiait une tribune avec ses homologues de neuf pays (dont la Pologne, la République Tchèque ou la Finlande), appelant l’UE à considérer le nucléaire comme une énergie « verte », dans le cadre de la nouvelle taxonomie européenne (les explications de Carbone 4). Ce qui lui permettrait de bénéficier de bénéficier de certains flux financiers destines à la transition vers une économie « durable ». Dans leur missive, les signataires plaident que l’atome « contribue de manière décisive à l’indépendance de nos sources de production d’énergie et d’électricité », alors que les prix du gaz et de l’électricité flambent (Vert).
Mais Emmanuel Macron n’a pas toujours défendu l’atome. « Nous réduirons notre dépendance à l’énergie nucléaire, avec l’objectif de 50% d’énergie nucléaire à l’horizon 2025 », promettait le candidat à l’élection présidentielle de 2017. A quatre années de l’échéance annoncée, le nucléaire compose toujours près de 75% du mix électrique. Dans son programme, il prévoyait la fermeture de la centrale de Fessenheim, réalisée en 2020. Et se remettait prudemment à l’avis de l’Autorité de sûreté du nucléaire pour décider de la prolongation des plus vieilles centrales au-delà de 40 années d’exploitation : ce à quoi l’ASN a ouvert la voie en février 2021 (Vert). Un an plus tard, en 2018, il annonçait vouloir fermer 14 réacteurs d’ici 2035.
Depuis des mois, la droite (comme l’extrême droite) mène une bataille féroce contre les énergies renouvelables. En tête desquelles figurent l’éolien, qui se développe de manière « anarchique » et représente un « déni de démocratie » pour Xavier Bertrand, candidat à l’investiture à l’élection présidentielle pour Les Républicains. Fin août, ce dernier dénonçait l’absence de « décision courageuse sur le nucléaire » (Figaro). Emmanuel Macron aura donc décidé de trancher sa position pour couper l’herbe sous le pied de ses adversaires les plus directs.