Avec 38 listes officiellement enregistrées par le ministère de l’Intérieur, la France tient son record de 3 078 candidat·es aux élections européennes. Si le scrutin proportionnel rend ce rendez-vous a priori plus favorable aux petits mouvements, la France a toutefois décidé d’imposer un score minimum de 5% pour pouvoir envoyer un·e élu·e à Bruxelles. En 2019, les 28 listes qui n’ont pas atteint ce seuil électoral ont totalisé presque 20% des suffrages exprimés, rappelle Public Sénat.
Cette année, près d’une dizaine de petites listes se revendiquent de l’écologie ou ont un programme largement coloré de vert. Panorama.
«L’Écologie au centre» : tout sauf EELV !
Comme son nom l’indique, la liste «L’Écologie au centre», emmenée par Jean-Marc Governatori se veut moins à gauche qu’Europe écologie — Les verts (EELV). Candidat malheureux à la primaire écologiste de 2022, l’homme ne tarit pas de critiques à l’égard du parti écologiste et de ses porte-voix. Auprès de Vert, il leur reproche tout à la fois leur impuissance – «quand on voit la situation environnementale et sanitaire, on se dit qu’EELV ne fait pas du tout le travail» – et leur radicalité – «en prenant des positions trop dures, EELV ne rassemble pas. Quand on est radical ou sectaire, on fait peur aux gens». Côté programme, «le maître-mot c’est l’économie circulaire», explique le conseiller municipal de Nice, qui veut changer les mentalités en misant sur «l’éducation à la santé». Outre la défense de l’agriculture biologique, il propose que chaque région d’Europe dispose d’un stock stratégique de semences «pour ne pas dépendre de Monsanto-Bayer».
«Écologie positive et territoires» : vive les petits pas !
«Face à des écologistes trop radicaux, qui font peur», Yann Wehrling veut, lui aussi, «réfléchir à la méthode» avec sa liste Écologie positive et territoires. Contrairement aux «influenceurs qui égrainent des messages angoissant avec des injonctions à agir qui semblent infranchissables», il défend auprès de Vert une «écologie positive» qui «valorise les efforts et ce qui fonctionne», mais aussi une écologie du «pas à pas» et du «compromis négocié», car «aucune réforme ne se fait de manière massive et brutale». Celui qui est passé par les Verts et le MoDem avant de soutenir Valérie Pécresse (LR) à la présidentielle, se «contrefout de la couleur politique des gens avec qui [il] travaille». Côté programme, «notre pragmatisme nous amène à dire qu’on ne peut pas se passer de nucléaire». Sur la question agricole, «le sujet de se passer des pesticides en agriculture ne pourra être abordé que quand on aura réglé les questions de revenus, de paperasse et de concurrence déloyale qui écrasent les agriculteurs».
«Paix et décroissance» : l’écologie (vraiment) radicale
Absolutiste selon certains, EELV ne l’est pas suffisamment pour d’autres. «Ils ne sont pas clairement antinucléaires, et ils ne sont clairement pas anti-croissance», a déploré le candidat de Paix et Décroissance, François Verret, sur France Info. Les candidat·es de Paix et Décroissance proposent de «réduire les consommations inutiles par une taxation différentielle» et de «supprimer ou taxer lourdement la publicité, le luxe, l’avion, les bolides urbains, les grandes surfaces, le nucléaire, les produits toxiques, les déchets, les technologies abrutissantes», tout en relocalisant les productions essentielles et les décisions dans les bio-régions. Déjà en lice en 2019, la liste avait récolté 0,05% des voix.
«La ruche citoyenne» : le côté obscur de l’écologie
Toujours sur France Info, Lorys Elmayan indique avoir tenté de fédérer les écologistes, sans succès. Cette fois-ci, les réticences viennent plus sûrement du parti EELV lui-même. En effet, l’écologie défendue par la Ruche citoyenne flirte très régulièrement avec l’obscurantisme et la désinformation, en témoignent les accointances de ses membres avec les sulfureux Dieudonné et Francis Lalanne. Critique de la «gestion de la crise sanitaire», la Ruche citoyenne défend les médecines alternatives. Elle propose dans son programme de «revoir la pertinence du programme EVRAS voté par le Parlement» qui «s’avère générer des dérives pouvant être traumatisantes pour nos informations», relayant ainsi une fake news éculée à propos d’un programme d’éducation mis en place (uniquement) en Belgique.
Equinoxe : «faire de la science la base de toute réflexion»
À l’exact opposé de cette approche, le parti Equinoxe «n’a qu’une seule boussole : les rapports scientifiques», explique à Vert sa tête de liste Marine Cholley. Lancé il y a trois ans par une poignée de polytechnicien·nes bifurqueur·ses frustré·es par l’offre politique existante, Equinoxe aspire aujourd’hui à devenir «un parti de gouvernement». Son programme est «écologiste parce qu’il le faut, mais assume aussi d’être marqué à droite sur la politique de défense européenne, la mise en place d’un service universel européen ou la défense de l’énergie nucléaire», développe Marine Cholley. «EELV a abandonné la lutte contre le changement climatique en étant contre le nucléaire», tacle même l’ingénieure qui travaille dans le secteur des énergies renouvelables.
Parti pirate : hacker le changement climatique
«Protéger notre environnement avec l’appui de la science», c’est aussi le crédo du Parti Pirate. Plus connu pour son combat historique pour légaliser le partage sur internet, le parti défend aussi un programme compatible avec les limites planétaires. Sa tête de liste, Caroline Zorn, est d’ailleurs élue au conseil municipal de Strasbourg dans le groupe EELV. Le parti défend une «industrie décarbonée», «les transports publics et les réseaux ferroviaires», «la protection et la restauration de l’habitat des espèces» et «la réforme de la politique agricole commune pour soutenir la diversité naturelle».
Parti animaliste : écolo, seulement en partie
«Voter parti animaliste, c’est voter pour l’environnement», promet le Parti animaliste dans son programme. En proposant de réformer le modèle agricole, qui émet à lui seul près de 20% des émissions de gaz à effet de serre de la France et engendre des pollutions environnementales, le parti s’attaque à un problème majeur. Il propose par exemple de réduire réduire la TVA sur les produits végétaux, sains et locaux, et de réorienter les subventions de la Politique agricole commune (PAC) vers les filières végétales. Mais son programme ne contient aucune autre mesure sectorielle (sur les transports ou l’énergie par exemple), de sorte que la crise écologique n’est pas prise en compte dans sa globalité.
«Changer l’Europe» : pour plus de climat
Membre des sociaux-démocrates au Parlement européen, l’eurodéputé Pierre Larrouturou est depuis longtemps dans le camp des défenseur·ses du climat. Après avoir fait une grève de la faim en 2020 pour tenter d’obtenir un renforcement du budget de l’UE en faveur du climat et de la santé, il milite désormais pour l’organisation d’un référendum pan-européen sur le même sujet. Il défend également la mise en place de la semaine de quatre jours et l’instauration d’une taxe sur la spéculation financière.
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