Le message « COP26 : merci de voyager en train » martelé sur de nombreux panneaux de la gare de Londres Euston avait une saveur particulière, dimanche après-midi, alors que des milliers de personnes patientaient – de longues heures durant – dans l’attente de savoir comment se rendre dans le nord du Royaume-Uni. Parmi la foule, de nombreux délégués de plusieurs nations, des scientifiques, des membres d’ONG et même des journalistes, dont l’auteur de ces lignes. Même le ministre britannique de l’environnement Zac Goldsmith a dû se résoudre à prendre l’avion (Guardian).

Depuis plusieurs jours, des tempêtes-monstre se sont abattues sur le nord du pays. A tel point que le record absolu de précipitations en une journée (24 heures) pourrait avoir été battu. A Honister Pass, dans la région anglaise de Cumbria qui borde l’Écosse, il est tombé 365mm de pluie dans la nuit du 27 au 28 octobre, d’après un bilan provisoire réalisé par une chercheuse de l’université de Newcastle.
Résultat, des arbres ont chuté sur les voies de chemin de fer, arrachant les caténaires de la ligne qui relie Londres à Glasgow par l’ouest. Dans les haut-parleurs de la gare d’Euston, on demande aux voyageurs de remettre leur expédition à plus tard. Résignés, certains se fabriquent des installations de fortune. D’autres – comme moi – courent pour tenter leur chance vers la gare voisine de King’s cross, dont partent les lignes qui desservent l’Est du Royaume-Uni. Encore faut-il le savoir : il est impossible d’avoir une communication fiable et centralisée alors que le ferroviaire britannique compte de nombreuses entreprises concurrentes.

Mais des arbres effondrés ont aussi enrayé le trafic sur cette route-là. « On fait la queue derrière 17 trains », annonce le contrôleur du Londres-Edimbourg de 15h, alors que celui-ci est arrêté en pleine voie. « Les infrastructures ferroviaires ne sont clairement pas adaptées au changement climatique », glisse ma voisine de siège. Directrice adjointe de Copernicus – service européen de surveillance de la planète – Samantha Burgess doit tenir une conférence sur la modélisation satellite du réchauffement dès le lendemain à Glasgow.
Comme le Giec l’a rappelé en août (notre synthèse), le bouleversement du climat multiplie et intensifie les épisodes météorologiques extrêmes, notamment les fortes précipitations. La probabilité d’événements autrefois rarissimes comme ces intempéries est vouée à croître.
Si les messages de détresse ont pullulé sur les réseaux sociaux, il est pour l’heure difficile d’estimer le nombre d’événements repoussés ou annulés. Mais le climat, lui, a fait son entrée fracassante à la COP26.