Elles font du Sheinema. Pour redorer son blason, Shein a invité des influenceuses à visiter des usines de fabrication de ses vêtements en Chine. C’était sans compter les internautes qui ont dénoncé l’opération de comm’ de la marque d’ultra fast-fashion.
«Je peux rentrer chez moi rassurée de consommer Shein et de partager ce message auprès de ma communauté». Sur le Tiktok de la marque, Dani Carbonari, influenceuse aux 300 000 abonné·es vante les mérites de la compagnie chinoise avec laquelle elle est en partenariat.
À la manière de mini-documentaires publiés sur les réseaux sociaux de la marque, six influenceuses bien-être ont visité une usine et partagé leur avis sur la marque. «J’ai été agréablement surprise, des travailleurs nous souriaient, ils ont des salles de pause s’ils veulent se reposer», se réjouit AuJene, 1 million de followers sur Instagram. «C’était réel, on n’a pas juste reçu des photos», ajoute Destene, 385 000 followers.
Backlash sur les réseaux sociaux
L’opération a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux où nombre d’internautes ont rappelé les scandales dans lesquels Shein est impliqué : utilisation de produits chimiques dangereux, soupçon de plagiat, exploitation des travailleurs…
Ultra-technologique, propre, espacée avec des salariés qui ont l’air heureux, l’usine visitée n’a rien à voir avec les images de l’enquête de l’ONG Public Eye sur l’enfer de l’ultra fast-fashion.
Fin 2022, la chaîne anglaise Channel 4 avait sorti un documentaire qui alertait sur les conditions de travail catastrophiques ‑jusqu’à 18 heures de travail par jour- et l’impact désastreux sur l’environnement en raison de la surutilisation de produits chimiques et de son modèle économique basé sur la surconsommation des vêtements à coût très faible pour le consommateur. Le 22 juin, Les amis de la Terre épinglait la marque dans un rapport sur la surconsommation : un million de nouveaux vêtements sont produits chaque jour par la marque (notre article).
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